Dossier dopage

Les gènes des Chinois peuvent cacher la prise de testostérone


21/04/2008 - Le Monde - Jean-Yves Nau

L'idéal olympique en souffre mais l'affaire est entendue : (...) tout indique que, pour des raisons génétiques notamment, les êtres humains sont loin d'être égaux quant à leurs possibles performances sportives individuelles. On ignorait toutefois jusqu'à aujourd'hui que des variabilités génétiques pouvaient mettre en lumière l'existence d'inégalités quant aux effets du dopage ou, corollaire, de son dépistage. Un travail original vient bouleverser bien des certitudes et pourrait avoir des conséquences juridiques et financières non négligeables.

Ce travail, mené par un groupe de chercheurs suédois, vient d'être publié sur le site du Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism. Dirigés par Jenny Jakobson Schulze et Anders Rane (hôpital universitaire Karolinska, Stockholm), ces chercheurs étaient notamment financés par l'Agence mondiale antidopage. Leur travail avait pour objectif d'étudier si certaines des caractéristiques génétiques d'une personne pouvaient, ou non, interférer avec des paramètres dits de sensibilité et de spécificité essentiels pour l'interprétation des résultats des tests visant à dépister les sportifs dopés.

En pratique, les chercheurs ont injecté 500 milligrammes de testostérone chez 55 volontaires masculins présentant des profils différents vis-à-vis d'un gène directement impliqué dans le métabolisme de cette hormone sexuelle mâle. (...) Quinze jours après l'injection, des taux très variables - dans un rapport d'un à vingt - en fonction des caractéristiques génétiques des volontaires ont été retrouvés dans leurs urines (...).

Plus précisément, 40 % des sportifs présentant un certain profil génétique ainsi que des taux normaux de métabolites urinaires de testostérone pourraient en réalité être dopés. Pour compliquer le tout, il semble que ce trait génétique soit statistiquement nettement plus fréquent dans les populations asiatiques (de Chine, Corée et Japon) que dans celles originaires d'Europe et d'Afrique.

Peut-on élargir ces conclusions à l'ensemble des produits stéroïdes ? Pour l'heure, on aimerait connaître les conclusions concrètes que tireront demain, pour les Jeux de Pékin, les autorités olympiques et celles de la lutte contre le dopage.


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Cette page a été mise en ligne le 27/04/2008