Dossier dopage



Le bal des os cassés

27/09/2006 - Sud Presse - Eric Verschueren

Extraits

Crac! Un phénomène assez inquiétant dans le cyclisme professionnel actuellement : de plus en plus de chutes se terminent par une, ou plusieurs, fractures. Nous avons procédé à un petit relevé (presque exhaustif, voir [ci-dessous] et le chiffre de 60 fractures est apparu. Effrayant! Que se passe-t-il, docteur? Réponses avec un coureur, un patron d'équipe et un docteur...

Première tentative d'explication: il y a plus de chutes qu'avant dans le peloton. D'où, corollaire, plus de blessures. Pourquoi cette augmentation d'incidents ?

"1. Parce que nous avons de plus en plus de courses qui mélangent des coureurs expérimentés, style Pro Tour, à d'autres qui le sont moins.

2. Parce que de plus en plus d'aménagements routiers - ronds-points, ralentisseurs... - sont construits et qu'ils sont parfois dangereux pour les deux-roues", nous avait expliqué Maxime Monfort (Cofidis) dans les jours qui avaient suivi le terrible accident survenu à Christophe Brandt.

En parallèle, il y a aussi, malheureusement, une certaine "fragilisation" des coureurs. Et là, l'éclairage de deux spécialistes est assez sombre. Il évoque à la fois le dopage et les régimes alimentaires.

"À mon avis, la raison principale provient de la consommation régulière de corticoïdes (...) qui, comme chacun sait, fragilise les os", nous a répondu Jean-Pierre de Mondenard, grand spécialiste français du dopage (...). "D'ailleurs, lors de corticothérapie, il est indispensable pour prévenir cette ostéoporose de prendre des suppléments calciques. Maintenant, comme la consommation de corticoïdes par les cyclistes n'est pas une nouveauté, il faut penser que d'autres médicaments dopants fragilisent eux aussi les os... "

Une autre explication, sans doute plus "légère", tient dans certains changements apparus dans les pratiques alimentaires des sportifs de haut niveau. En particulier les cyclistes.

"De plus en plus de médecins d'équipes prescrivent à leurs coureurs des régimes pauvres en produits lactés", nous indique Gérard Bulens, manager de Lanbouwkrediet. Pourquoi ? "Tout simplement pour éviter au maximum les allergies, celles-ci pouvant parfois se révéler être très handicapantes pour le sportif. Les produits lactés étant riches en calcium, ceux-ci se retrouvent alors avec un "squelette" plus fragile... "

CQFD ?




Le post-scriptum de cyclisme-dopage.com

Les premiers arguments avancés sont éculés et ne résistent guère à l'analyse critique. Si les courses d'aujourd'hui mélangent des coureurs peu expérimentés à d'autres plus expérimentés, que dire des courses des années 50 et 60 où des amateurs (dits "indépendants") se mêlaient aux professionnels ? Quant aux ronds-points, y en a-t-il beaucoup plus aujourd'hui qu'il y a dix ans. Sans doute un peu, mais pas assez pour fournir une explication sérieuse à cette recrudescence de fractures. C'est un peu comme expliquer les records de vitesse du Tour de France par le vent qui soufflerait toujours dans le dos des cyclistes modernes !



Cette page a été mise en ligne le 17/10/2006.