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Cofidis - Saison 2022


Mise à jour le 20/08/2022







Sommaire

Introduction

L’équipe Cofidis est présente dans le peloton depuis 1997. Elle n’a jamais changé de parrain. François Migraine, le PDG de la société de crédit, est un passionné de vélo. « Il était à la tête d’un groupe de rock et il ne le savait pas », nous dit un jour un suiveur du Tour. Effectivement, les premières années sont sportives mais aussi, et peut-être surtout, « sexe, drogue et rock-and-roll ». Les succès s’enchaînent. Philippe Gaumont, Nico Mattan et Frank Vandenbroucke et leurs compères s’éclatent sur le vélo le jour, en discothèque la nuit. Bernard Sainz, alias docteur Mabuse, est parfois de la fête.

Les excès de cette époque folle feront de terribles dégâts. Frank Vandenbroucke est mort au Sénégal en 2009. Philippe Gaumont est décédé en mai 2013, juste avant d’être auditionné par les sénateurs français. Robert Sassone, s’est suicidé en 2016.

Depuis, Cofidis s’est rachetée une conduite. Eric Boyer, manager à partir de 2005, puis Cédric Vasseur, depuis 2017, sont chargés de changer son image et ses pratiques. Guillaume Martin, le leader de l’équipe est plus philosophie que rock-and-roll.


Histoire de l'équipe

Le passé rock-and-roll de l’organisme de crédit

Depuis 1997, le nom Cofidis est souvent revenu à la une dans des affaires de dopage. En 2004, c’est une sorte de consécration : l’« affaire Cofidis » défraye la chronique.

L’histoire mouvementée de l’équipe commence dès 1997 avec une affaire qui n’a pas fait la une, l’UCI s’étant chargée de l’étouffer. Le 13 octobre, elle adresse un courrier à Kevin Livingston lui indiquant qu’une concentration « d’environ » 2 ng/ml de métabolites de nandrolone, un anabolisant, a été détectée dans ses urines à l’issue de la septième étape du Tour de l’Avenir. La limite étant fixée à 2 mg/nl, le mot « environ » est lourd de sens. Anne-Laure Masson, responsable de l’antidopage à l’UCI, l’« avertit pour le futur » sans le faire sanctionner. Il serait mieux pour tout le monde d’éviter un scandale.


L'UCI avertit Kevin Livingston
Source : UCI - 23/10/1997

La commission d’enquête sénatoriale de 2013 révélera pour le coureur américain la présence de deux échantillons d’urine positifs à l’EPO lors du Tour de France 1999. Les sénateurs lâcheront le nom de trois autres coureurs de l’équipe Cofidis positifs à l’EPO sur la Grande Boucle cette année-là ou la précédente : Roland Meier, Bobby Julich, Laurent Desbiens. Le dopage n’était peut-être pas organisé dans cette équipe mais il était généralisé.

Nandrolone à gogo

La nandrolone, utilisée par Kevin Livingston, était visiblement un produit en vogue dans l’équipe au maillot rouge. Philippe Gaumont se retire du Tour d’Espagne 1998 alors qu’il occupe la 4ème place du classement général. Il vient d’apprendre son contrôle positif à ce produit lors du Midi Libre. Il sera relaxé au bénéfice du doute : l’UCI, la FFC et le CIO s’étripent autour du fameux seuil de 2 ng/ml. C’est tant mieux pour Gaumont qui risquait 5 ans de suspension puisqu’il était en état de récidive.

L’affaire Cofidis

En 2004, éclate l’affaire Cofidis. Le 12 janvier, la police interpelle Marek Rutkiewicz à l’aéroport de Roissy, en possession de sept ampoules d'EPO ainsi que de l’hormone de croissance. Chez le soigneur Boguslaw Madejak, ce sont des anabolisants, des médicaments non commercialisés en France et du matériel de transfusion qui sont découverts. Chez le spécialiste de la piste, Robert Sassone, les enquêteurs découvrent 65 capsules contenant de l’undécaonate de testostérone, du Kenakort et de l'EPO.

Trois ans plus tard, en janvier 2007, Boguslaw Madejak, Philippe Gaumont, Robert Sassone, Marek Rutkiewicz et Daniel Majewski sont condamnés à des peines de prison avec sursis. David Millar et Massimiliano Lelli, qui ont avoué, sont relaxés. Cofidis Compétition et Cofidis SA qui s’étaient portées parties civiles sont déboutées. Pire, le Tribunal estime que « par leur implication dans le milieu du cyclisme professionnel, leur connaissance avérée du dopage et l'absence de mesures significatives prises pour l'enrayer, [elles] ne pouvaient ignorer le phénomène notoire du dopage ni son ampleur, d'autant que des personnalités du monde médical et sportif avaient de longue date stigmatisé ces pratiques connues de tous ». Pour retracer le fil de cette histoire, on pourra consulter notre revue de presse.

L’amende exemplaire de Cristian Moreni

L’année 2007 avait mal débuté pour Cofidis mais l’équipe n’en a pas fini avec les affaires. Pendant le Tour de France 2007, Cristian Moreni est contrôlé positif à la testostérone. Tous les coureurs de l’équipe doivent répondre aux questions des gendarmes. Cofidis se retire de l’épreuve et licencie son coureur. Il sera le premier à payer une amende à l’UCI, correspondant à une année de salaire. La mesure a été introduite par l’UCI en juin, juste avant le Tour.

La faute de Rémy Di Gregorio

La dernière affaire Cofidis est celle de Rémy Di Gregorio, pris en flagrant délit de « possession de matériel prohibé permettant de se doper » pendant le Tour de France 2012. Il sera condamné à un an de prison avec sursis. Tout n’est pas perdu pour lui puisque Cofidis sera condamnée aux prud’hommes à lui verser des dommages-intérêts pour ne pas avoir apporté la preuve de la faute grave invoquée dans son licenciement.


La longue histoire Cofidis est à consulter ici. Elle aurait pu être pire : Cyrille Guimard, alors directeur sportif, embauche le jeune Lance Armstrong en 1996. Le future septuple non-vainqueur du Tour de France dispute le Grand Prix Eddy Merckx mais retourne précipitamment au Texas. On lui découvre un cancer des testicules. Cofidis et Armstrong en resteront là. Soulagement rétrospectif.

Liste des affaires de l'équipe
Coureur Produit Course Date Sanction Contrôle
Di Gregorio Rémy 2012 Oui Enquête policière
Moreni Cristian Testostérone Tour de France 2007 Oui Contrôle positif
Valentin Tristan Heptaminol Grand Prix de Correios 2006 Oui Contrôle positif
Clain Médéric Trafic de produits dopants 2004 Oui Enquête judiciaire
Gaumont Philippe EPO 2004 Oui Aveux
Millar David EPO 2003 Oui Aveux en 2004
Peers Chris 2003 Oui Enquête judiciaire
Sassone Robert Bétaméthasone & Glucocorticostéroïde Six jours de Nouméa 2003 Oui Contrôle positif
Sassone Robert Suivi biologique anormal 2003 Oui Suivi biologique
Mattan Nico Heptaminol Contrôle inopiné 2000 Oui Contrôle positif
Gaumont Philippe Amphétamines 1999 Oui Analyse sang
Livingston Kevin EPO Tour de France 1999 Non Commission d'enquête sénatoriale (2 contrôles positifs)
Vandenbroucke Franck Amphétamines, benzodiazépines, caféine, hydrocortisone, cortisone, hématocrite = 52% 1999 Oui Analyse sang et aveux en 2008
Casagrande Francesco Testostérone Tour du Trentin 1998 Oui Contrôle positif
Casagrande Francesco Testostérone Tour de Romandie 1998 Oui Contrôle positif
Desbiens Laurent EPO Tour de France 1998 Non Commission d'enquête sénatoriale
Desbiens Laurent EPO 1998 NSP* Aveux
Gaumont Philippe Nandrolone Grand Prix du Midi libre 1998 Non Contrôle positif (2 fois)
Julich Bobby EPO Tour de France 1998 Non Commission d'enquête sénatoriale
Meier Roland EPO Tour de France 1998 Non Commission d'enquête sénatoriale
Livingston Kevin Nandrolone Tour de l'Avenir 1997 Non Contrôle positif

* Sanction non connue

Pour voir plus d'informations sur l'équipe dans l'annuaire du dopage, cliquez ici

Les coureurs épinglés

Aucun coureur actuellement dans l'équipe Cofidis n’a été épinglé dans notre annuaire du dopage.

Les dirigeants épinglés

Le manager Cédric Vasseur a été éclaboussé par l’affaire Cofidis en 2004. Il est alors coureur dans la formation nordiste. Il sera totalement blanchi. Les échantillons des cheveux du coureur qui l’incriminaient après analyse n’étaient pas les siens ! Un policier de la brigade des stupéfiants est condamné à dix mois d'emprisonnement avec sursis pour avoir falsifié deux procès-verbaux d'audition du coureur. Pour ces raisons, nous n’avons évidemment pas épinglé Cédric Vasseur dans notre annuaire du dopage. Nous avons même failli lui élever une statue pour son mémorable commentaire de l’attaque de Chris Froome dans le Mont Ventoux 2013 !

« Regardez cette attaque, assis sur la selle. C’est incroyable d’attaquer dans le Ventoux comme ça, assis sur la selle. On a l’impression qu’il est sur une portion de plat ! C’est surréaliste !... Attaque à la Cancellara pour Christopher Froome ! »

Thierry Marichal

En revanche, un directeur sportif a été impliqué dans une affaire alors qu’il était coureur dans les équipes Cédico-Ville de Charlero et Lotto-Mobistar. Entre 1996 et 1999, le belge Thierry Marichal se fait prescrire du Synacthen et du Kenacort par le Dr Georges Mouton, ceci sur des ordonnances libellées à des faux noms. L’enquête démontre également qu’il a pris de l’EPO sur les conseils du médecin. Il adhère désormais au MPCC. Espérons que ce ne soit pas une façon de prendre les autres membres du mouvement pour des pigeons.

Les coureurs flashés

Pour en savoir plus sur le calcul des Watts élaborée par Frédéric Portoleau et sur la méthode des radars proposée par Antoine Vayer, visitez les pages suivantes :

Le grimpeur Guillaume Martin n’a jamais allumé les radars positionnés par Antoine Vayer et Frédéric Portoleau dans les ascensions des Grands Tours. L’ancien entraineur de la Festina positionne la limite « suspecte » à 410 Watts-Etalons. C’est Tour de France 2020 que le Normand réalise sa meilleure performance avec 404 WE.


Aucun coureur actuellement dans l'équipe Cofidis n’a allumé les radars de Frédéric Portoleau et Antoine Vayer

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Les dirigeants flashés

Pour en savoir plus sur le calcul des Watts élaborée par Frédéric Portoleau et sur la méthode des radars proposée par Antoine Vayer, visitez les pages suivantes :

Aucun membre de l'encadrement actuellement dans l'équipe Cofidis n’a allumé les radars de Frédéric Portoleau et Antoine Vayer

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Attitude vis-à-vis du MPCC

Le MPCC (Mouvement pour un cyclisme crédible) est une association créée en 2007 par des équipes cyclistes professionnelles dont le but est de défendre l'idée d'un cyclisme propre, en imposant le strict respect du code éthique de l’UCI et pouvant aller jusqu’à imposer des règles plus strictes que ne l’impose le Code Mondial Antidopage édicté par l’AMA. En plus des équipes, le MPCC offre la possibilité aux coureurs et membres de l’encadrement des équipes d’adhérer à titre individuel.

L’équipe est membre du Mouvement Pour un Cyclisme Crédible depuis l’origine en juillet 2007. Près de la moitié des coureurs et des encadrants adhèrent à titre individuel. Guillaume Martin et Samuel Bellenoue, son entraîneur, en font partie.


Liste des coureurs adhérents du MPCC
Liste des membres de l'encadrement adhérents du MPCC

ICCD : notre indice de confiance

Pour la saison 2022, nous attribuons à l'équipe la note de 17,3/20. Ceci la place en 5ème position sur 28.

Elle est surtout handicapée par son passé mouvementé. Elle est malgré tout nettement dans le haut du classement : le passé fait peur, le présent rassure.

Pour consulter l'article ICCD de l'équipe COFIDIS en 2021, cliquez ici.