ICCD : Indice de Confiance Cyclisme-Dopage.com

Jumbo-Visma - Saison 2023


Mise à jour le 10/02/2024

Sommaire

Introduction

Septembre 2020. Tour de France. La Jumbo-Visma domine l’épreuve avec arrogance avant que Tadej Pogacar ne dérobe la tunique jaune en haut de la Planche des Belles Filles, sous le regard effaré des coureurs de la formation néerlandaise. On aurait dit des braqueurs de banque stupéfaits de se voir rafler le magot par un gamin de 12 ans.

Pourtant l’équipe en a vu d’autres au fil d’une histoire débutée en 1984 sous le nom de « Kwantum Hallen – Decosol ». Elle a depuis plusieurs fois changé de nom. On se souvient notamment de SuperConfex (1987-1989), Buckler (1990-1992) et bien sûr Rabobank (1996-2012). Elle a failli mourir lorsque la banque néerlandaise décide se retirer en raison des scandales de dopage qui la touche directement. A cette époque, le Dr Geert Leinders est suspendu à vie pour détention, administration et trafic de produits interdits contrevenant aux règlements anti-dopage ainsi que pour incitation au dopage. Il avait exercé chez Rabobank entre 1996 et 2009.

Plusieurs coureurs, dont Michael Rasmussen et Thomas Dekker (dans The Descent) ont témoigné de cette culture du dopage répandue dans l’équipe et largement documentée.

Depuis cette triste époque, la structure dirigeante a été largement renouvelée. Ils sont toutefois encore nombreux à avoir connu l’épopée Rabobank. Au moins quinze selon notre recensement et pour certains à des positions stratégiques. C’est par exemple le cas de Peter Verstappen (directeur médical) et Gert Wielink (médecin), Ellis Heijboer (responsable de la performance), Jan Boven (coach), Frans Maassen (directeur sportif) ou encore Mathieu Heijboer (directeur sportif). Au moins six soigneurs ont également connu le maillot orange Rabobank : Richard Cremers, Antoine De Jaeger, Carl Israël, Luc Schiemsky et Dimitri Van Boxstael.


Histoire de l'équipe

Nous avons recensé seize coureurs « RaboJumbo » dans notre annuaire du dopage. Un flagrant délit de mansuétude tant il a été dit, écrit et révélé sur le dopage organisé dans cette équipe. Michael Rasmussen et Thomas Dekker, par exemple, sont passés à table, en librairie avant de le faire devant une très officielle commission d’enquête. Ils ont décrit par le menu la recette des médecins pour préparer la potion magique. A peu près tous les produits dopants y passaient : EPO, transfusions, hormones de croissance, corticoïdes, etc. Le tout sous la houlette du Dr Geert Leinders (qu’on reverra plus tard chez le Team Sky).

Adrie van der Poel 1987

L’équipe s’appelle encore Kwantum Hallen – Decosol quand elle enregistre sa première affaire. Adrie van der Poel est contrôlé positif à l’éphédrine pendant la Semaine Sicilienne 1987. Le père de Mathieu est suspendu quatre mois dont un avec sursis et doit s’acquitter d’une amende de 10125 Francs (environ 1500 Euros). Avant de rouler pour cette équipe, il avait déjà été contrôlé à la strychnine. La faute une tourte au pigeon servie chez les Poulidor (lire ici).


Gert Jakobs 1989, un précurseur

Deux ans plus tard, on ne plaisante plus. L’EPO est déjà en usage dans l’équipe. C’est Gert Jakobs qui crache le morceau en 2009 dans le livre Het laatste geel de Mart Smeets. Il avoue avoir effectué son Tour de France 1989 sous EPO. Ce n’est que quelques années plus tard que la substance changera la physionomie du peloton professionnel. Les Rabobank sont des précurseurs.

Carlos Barredo 2012, dernière affaire

La dernière affaire de dopage dans l’équipe remonte à 2012 (dix ans déjà et c’est une bonne nouvelle). Carlos Barredo présente des anomalies dans son passeport biologique. Il sera suspendu deux ans.


2012, fin de partie pour Rabobank s’en va

En 2012, l’équipe s’appelle encore Rabobank mais c’est la dernière année. Ce n’est toutefois pas cette affaire qui justifie le retrait de la banque néerlandaise. Le prétexte est fourni par la condamnation de Lance Armstrong par l’USADA. « Nous ne sommes plus convaincus que le cyclisme professionnel international soit en mesure de faire du cyclisme un sport propre et honnête », déclare Bert Bruggink, membre du conseil d'administration de l’établissement bancaire. Manière comme une autre de se dédouaner.

Aderlass, les mystérieuses photos de Tom Dumoulin et Primoz Roglic

La Jumbo-Visma n’a pas été éclaboussée par l’opération Aderlass, une affaire concentrée autour du médecin autrichien Mark Schmidt. Pourtant, dans la collection de 30 à 40 photos que présentaient les enquêteurs aux témoins et suspects figuraient Tom Dumoulin et Primoz Roglic. Interrogé sur cette curiosité, le parquet d’Innsbruck a déclaré que les deux hommes n’étaient « ni accusés ni témoins ». De son côté, l’équipe Jumbo affirme que ni Dumoulin ni Roglic n’étaient pas en relation avec Mark Schmidt. La présence de ces photos s’explique sans doute par les accusations portées par Georg Preidler, condamné à douze mois de prison avec sursis dans ce dossier.

Le coureur autrichien évoque tout d’abord un événement survenu selon lui en 2017. Les principaux coureurs de l'équipe Sunweb devaient participer à un camp d'entraînement en haute altitude en vue de préparer le Tour d’Italie. Preidler, aussi engagé sur le Giro, avait demandé à participer à ce camp, éventuellement à ses propres frais, mais il a été fermement prié de rester à la maison. De retour dans la botte italienne, les coureurs Sunweb, Tom Dumoulin en tête affichent une forme extraordinaire et Dumoulin remporte le classement général du Giro.

Preidler, s’est aussi étonné de la rapidité avec laquelle certains cyclistes slovènes sont devenus si performants en si peu de temps. « Je n’ai jamais compris comment on peut passer du statut de sauteur à ski à celui de vainqueur d’une tournée de trois semaines », a-t-il déclaré. Une allusion transparente à Primoz Roglic. Mais tout cela n’est que bave de crapaud, sans doute.


En août 2023, Michel Hessmann est suspendu provisoirement par son équipe en raison d'une contrôle antidopage positif effectué le 14 juin. Le coureur a été contrôlé positif à un diurétique. Cet événement étant intervenu en cours de saison, il n’est pas pris en compte dans le calcul de l’ICCD 2023.

Liste des affaires de l'équipe
Coureur Produit Course Date Sanction Contrôle
Bobridge Jack Trafic de MDMA 2014 Oui Enquête judiciaire et aveux en 2019
Bobridge Jack Trafic de MDMA 2013 Oui Enquête judiciaire et aveux en 2019
Barredo Llamazales Carlos Passeport biologique non conforme 2012 Oui Passeport biologique
Dekker Thomas EPO, transfusions sanguines 2007 Oui Contrôle positif et aveux en 2010
Dekker Thomas EPO, passeport biologique non-conforme 2007 Oui Contrôle positif et aveux en 2010
Horrillo Munoz Pedro Formeterol Flèche Brabançonne 2007 Non Contrôle positif
Rasmussen Michael 2007 Oui Fuite, falsification, manquement dans la soumission des localisations, aveux en 2013
Van Heeswijk Max EPO, Testostérone 2007 Non Aveux en 2011
Boogerd Michael EPO, transfusions sanguines, cortisone 2005 Oui Aveux en 2013
Dekker Thomas Cortisone Championnats du Monde 2005 Non Aveux en 2017
Sutherland Rory Clomiphene, hydroxy-clomiphene Tour d'Allemagne 2005 Oui Contrôle positif
Leipheimer Levi EPO, testostérone, transfusions 2004 Oui Aveux en 2012
Leipheimer Levi EPO, testostérone, transfusions 2003 Oui Aveux en 2012
Niermann Grischa EPO 2003 Oui Aveux en 2013
Leipheimer Levi EPO, testostérone, transfusions 2002 Oui Aveux en 2012
Niermann Grischa EPO 2002 Oui Aveux en 2013
Hoogerland Johnny Testostérone Trophée de la province d'Anvers 2001 Non Contrôle positif
Niermann Grischa EPO 2001 Oui Aveux en 2013
Niermann Grischa EPO 2000 Oui Aveux en 2013
Dekker Erik Hématocrite > 50% Championnats du Monde 1999 Oui Contrôle positif
Nelissen Danny EPO 1996 Non Aveux en 2013
De Keulenaer Ludo Grand Prix E 3 1992 Oui Fraude au contrôle et aveux
Jakobs Gert EPO 1989 Non Aveux en 2009
Van Der Poel Adrie Ephédrine Semaine sicilienne 1984 Oui Contrôle positif

Pour voir plus d'informations sur l'équipe dans l'annuaire du dopage, cliquez ici

Les coureurs épinglés

Tosh Van Der Sande


Tosh Van der Sande est le seul coureur de l’équipe à avoir été éclaboussé par une affaire de dopage. Il a été suspendu à titre provisoire après un contrôle antidopage positif effectué pendant les Six Jours de Gand (2018). Il évoluait alors sous les couleurs de la Lotto-Soudal. La substance en cause provenait du spray nasal Sofrasolone qui est en vente libre. Elle est autorisée en compétition à condition d’être signalée lors du contrôle, ce que Van der Sande n’avait pas fait. Il plaide l’« erreur administrative ». C’est une sorte de Thomas Thévenoud à bicyclette. L’UCI se montre clémente et le blanchit.

Avant son arrivée chez Jumbo l’année dernière, aucun coureur n’avait été épinglé dans note annuaire du dopage. Dommage. Il fait perdre des points à sa formation.

Les dirigeants épinglés

Merijn Zeeman, le manager de l’équipe, ne figure pas dans notre annuaire du dopage mais son parcours et ses déclarations face à la suspicion qui entoure son équipe méritent qu’on s’y attarde. Après quatre années passées chez Skil-Shimano, Zeeman rejoint Richard Plugge à la tête de l’équipe Rabobank, qui devient Blanco, puis Belkin, Lotto NL et aujourd’hui Jumbo-Visma. Nous sommes en 2013, période qu’il qualifie l’année dernière de «fin des "années dopage" ». Le décor est planté : il n’y a plus de dopage dans le cyclisme. Alors, il n’aime pas trop qu’on le chatouille sur le sujet. Il n’aime pas trop non plus que les contrôleurs de l’UCI fassent leur travail. Résultat, il est exclu de sa fonction de directeur sportif pendant le Tour de France 2020 en raison d’une altercation avec un commissaire UCI lors du contrôle du vélo de Primoz Roglic. « Je me suis mis en colère quand le commissaire a démonté le pédalier. On se bat pour un sport juste et cela implique des contrôles, mais ils doivent être effectués de façon raisonnable. Ceci dit, j'aurais dû être plus respectueux dans ma manière d'aborder le commissaire de l'UCI, s’excuse-t-il ».

Il n’aime pas trop non plus la suspicion qui « vient souvent de France alors que personne ne s'intéresse vraiment à la façon dont on travaille ». Il préfère expliquer la surperformance des coureurs en jaune, par le recours à la PNL (Préparation Neuro Linguistique).

Dans un long entretien à L’Equipe en juillet 2022, il défend l’utilisation des cétones, substance éminemment controversée : « Pour moi, c'est le débat le plus ridicule qu'il n’y ait jamais eu dans le cyclisme. Je ne dis pas que les cétones marchent, car il y a encore beaucoup d'études à mener. Mais c'est juste un complément alimentaire. Le sport de haut niveau est en évolution permanente ; ça bouge, ça cherche, on se demande toujours dans quelle nouvelle direction aller. Les cétones, ça nous fait à la fois marrer et ça nous énerve. Ça ne représente même pas 1 % de notre travail sur la performance. Comment s'entraîner mieux, optimiser les effets de l'altitude, améliorer les vélos, apporter l'alimentation idéale avant, pendant et après les courses ; ce sont ces choses qui sont importantes. Les cétones, c'est presque rien. Mais à partir du moment où elles sont autorisées, on a le droit de les tester pour savoir si cela aide certains de nos coureurs ». Rappelons que le MPCC proscrit l’usage des cétones pendant que l’UCI recommande de ne pas les utiliser.

Enfin, pour nous rassurer, il affirme dans le même entretien : « je suis responsable du recrutement de Jumbo-Visma et, avant de faire signer un coureur, on est extrêmement strict en matière d'antidopage » .


Mais passons aux choses sérieuses. Le directeur sportif Grischa Niermann est le seul encadrant Jumbo-Visma épinglé dans notre annuaire du dopage.

Grischa Niermann


Niermann a reconnu avoir utilisé de l’EPO entre 2000 et 2003 lorsqu’il courait sous le maillot de la Rabobank. Au moment de ses aveux en 2013, il venait de mettre un terme à sa carrière et travaillait pour la fédération néerlandaise de cyclisme (KNWU). Il sera suspendu six mois. Pas grave, il trouve immédiatement place dans la formation « Rabobank Development Team » pour s’occuper des jeunes espoirs. Depuis, il n’a pas quitté la formation néerlandaise passant chez les « grands » en 2017.

Les coureurs flashés

Les radars placés sur les étapes clés des grands Tours consistent à mesurer les performances des meilleurs coureurs sur les ascensions qui seront parcourues à quasi-100% de leur capacité. La moyenne de ces performances peut ensuite être calculée. Seules sont prises en compte les dernières ascensions d'étape dont la durée est supérieure à 20 minutes. Les performances des forçats de la route sont classées en quatre catégories. Il y a les « mutants », capable de développer plus de 450 watts étalons en moyenne, les « miraculeux » qui oscillent entre 430 et 449 watts et les « suspects » qui naviguent entre 410 et 429 watts.

Pour en savoir plus sur le calcul des Watts élaborée par Frédéric Portoleau et sur la méthode des radars proposée par Antoine Vayer, visitez les pages suivantes :

La formation néerlandaise aligne une impressionnante armada pour tenter de ramener au plat pays les maillots rose, jaune et rouge des grands Tours. Dès lors, il n’est pas étonnant de voir dans ses rangs trois coureurs ayant dépassé la limite des 410 watts-étalon (WE) de moyenne sur un Grand Tour : Robert Gesink, Primoz Roglic et bien entendu Jonas Vingegaard.

Tom Dumoulin lui aussi figurait dans le club des suspects à plus de 410 WE de Moyenne. Las, filant de burn-out en burn-out depuis son Giro victorieux en 2017, il a fini par jeter l’éponge.


Wout van Aert, dans un rôle d’équipier, n’a jamais allumé les radars avec sa puissance moyenne sur un grand Tour. Cela ne l’empêche pas d’être capable de remporter des victoires au sprint un jour et d’emmener le train Jumbo-Visma dans les cols un autre jour pendant le Tour 2020. Sa grande carcasse (il pèse 77 kg) ne l’empêche pas non plus de s’imposer en 2021 à Malaucène après avoir escaladé le Mont Ventoux à deux reprises. Quelques semaines plus tard, avec 431 WE, il accroche une médaille d’argent aux JO de Tokyo à son palmarès, encadré par deux solides grimpeurs : Carapaz et Pogacar. Et que dire de son époustouflant Tour de France 2022 ? On se demande encore s’il n’avait pas assez de force dans chaque jambe pour finir en jaune à Paris.

Toujours à propos de Wout Van Aert, on se rappellera que lorsque Mathieu Van der Poel publie en janvier 2017 ses documents de contrôle antidopage pour montrer qu’il n’a pas recours aux AUT, le coureur belge qui souffre alors d’une blessure au genou s’y refuse.

Gabarit de grimpeur
Source : Espé - 07/07/2021
Robert Gesink [410 WE - seuil suspect]


Grimpeur prometteur à ses débuts en 2007, Robert Gesink n’a jamais quitté la Rabobank et ses déclinaisons. C’est avec le maillot orange, pendant le Tour de France 2010, qu’il réalise sa meilleure performance moyenne et se fait « flasher » à plus de 410 WE.

Primoz Roglic [420 WE - seuil suspect]


Descendu des tremplins de saut à ski, Primoz Roglic s’éclate à bicyclette dès que la route s’élève. Le tout sous le crépitement des radars. Dès le Tour de France 2018, il dégaine un impressionnant 414 WE. Un an plus tard, à la Vuelta, c’est 443 WE (sur des montées courtes). En 2021, il montre une impressionnante constance à haut niveau : 419 WE au Tour de France puis 420 WE au Tour d’Espagne. Clairement dans la zone « suspecte ».

En 2022, il sort un impressionnant 422 WE pendant 40 minutes dans l’ascension du Turini. Il remporte l’étape. Après avoir abandonné le Tour de France, il se requinque au Tour d’Espagne : 423 WE de moyenne. Las, il abandonne encore sur chute.

En ce début d’année, il a sorti un incroyable 476 WE dans l’ascension de Lo Port (23 minutes et 50 secondes) sur le Tour de Catalogne. Celui qui confirme utiliser des cétones depuis 2019, est cette année encore un des plus gros moteurs du peloton.

Jonas Vingegaard [423 WE - seuil suspect]


Jonas Vingegaard se révèle au grand public pendant le Tour de France 2001, prenant la place laissée vacante par un Tom Dumoulin en burn-out et un Primoz Roglic parti au tapis, comme si souvent.

Vingegaard a franchi une marche en 2021, à 24 ans. Avant cela, pour le maigre Danois, on ne relève qu'une seule performance de bon niveau. C’était sur le col de l'Angliru lors de la Vuelta 2020 : 386 watts étalon (WE) sur 45min43sec. En deux ans, entre 24 et 26 ans, le Danois s'est transformé pour passer du niveau de coureur pro moyen, celui d'un équipier, à celui d'un super grimpeur et d’un énorme rouleur contre-la-montre également. Sur le Tour de France 2021, il signe un prometteur 406 WE de moyenne sur les radars.

Inévitablement, après sa victoire au Tour de France 2022, établissant un nouveau record de vitesse moyenne sur l’épreuve, il a dû faire face à la suspicion et répondre aux questions sur le sujet du dopage. « En ce qui concerne mon équipe, je mets ma main au feu pour chacun de mes coéquipiers. Nous sommes propres à 100 % », répond-il, ajoutant que ce « sport a changé. Ce n’est plus le même cyclisme ». Il faut avoir l’esprit mal tourné comme cela nous arrive pour s’interroger sur la signification de l’expression « propres à 100% ». En-dessous de quel seuil est-on encore propre ? Peut-on être propre à 99% ? Mystère. Alors on se contentera de cette autre déclaration : « Quand j’ai commencé à envisager de devenir professionnel, c’était à la condition de ne rien faire d’illégal. Je ne veux pas utiliser le dopage, je ne veux pas être comme ça, c’est une conviction profonde. Si pour être un coureur pro et avoir ce niveau, la condition était de devoir prendre des produits, je choisirais de ne pas l’être et de ne rien prendre ». Rassurés ?

Le profil de puissance de Vingegaard que Frédéric Portoleau scrute depuis longtemps montre que cet athlète est désormais définitivement NOTNORMAL, comme Antoine Vayer qualifie les coureurs qui franchissent la barre des 410 WE de moyenne sur un grand Tour. On peut utilement lire sur ce sujet l’article Uberisation et Lalannisation au Tour de France publié en 2022.

Le profil de puissance de Jonas Vingegaard
Source : Antoine Vayer (avec Frédéric Portoleau) - 14/07/2022

Sur ce Tour de France 2022, il sort un 423 WE de moyenne sur les radars positionnés par Frédéric Portoleau et Antoine Vayer. On n’avait plus vu ça depuis Lance Armstrong Lance, Bradley Wiggins et Andreas Klöden en 2009 ! Il est dans la partie haute des seuils dits « Suspects » par Antoine Vayer. Encore un effort et il passera en catégorie « Miraculeux » !

Pour mieux comprendre le niveau de performance de Jonas Vingegaard sur le tour de France 2022, il faut aussi (re)lire l’article La mutation de Vingegaard chez Jumbo écrit par Antoine Vayer avec Frédéric Portoleau le 26 juillet 2022.

Profils de puissance pour les cols de haute montagne
Source : Frédéric Portoleau - 25/07/2022
Profils de puissance pour les cols de haute montagne
Source : Frédéric Portoleau - 25/07/2022

Les dirigeants flashés

Les radars placés sur les étapes clés des grands Tours consistent à mesurer les performances des meilleurs coureurs sur les ascensions qui seront parcourues à quasi-100% de leur capacité. La moyenne de ces performances peut ensuite être calculée. Seules sont prises en compte les dernières ascensions d'étape dont la durée est supérieure à 20 minutes. Les performances des forçats de la route sont classées en quatre catégories. Il y a les « mutants », capable de développer plus de 450 watts étalons en moyenne, les « miraculeux » qui oscillent entre 430 et 449 watts et les « suspects » qui naviguent entre 410 et 429 watts.

Pour en savoir plus sur le calcul des Watts élaborée par Frédéric Portoleau et sur la méthode des radars proposée par Antoine Vayer, visitez les pages suivantes :

Aucun membre de l'encadrement actuellement dans l'équipe Jumbo-Visma n’a allumé les radars de Frédéric Portoleau et Antoine Vayer

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Attitude vis-à-vis du MPCC

Le MPCC (Mouvement pour un cyclisme crédible) est une association créée en 2007 par des équipes cyclistes professionnelles dont le but est de défendre l'idée d'un cyclisme propre, en imposant le strict respect du code éthique de l’UCI et pouvant aller jusqu’à imposer des règles plus strictes que ne l’impose le Code Mondial Antidopage édicté par l’AMA. En plus des équipes, le MPCC offre la possibilité aux coureurs et membres de l’encadrement des équipes d’adhérer à titre individuel.

L’équipe a quitté le MPCC en 2015 en raison d’un désaccord sur les contrôles de cortisolémie imposés par le mouvement. Elle avait dû retirer un de ses coureurs, George Bennett, du Giro à cause d'un taux de cortisol trop bas. « Un niveau bas de cortisol n'est pas toujours le résultat d'un abus de substances » plaide alors la formation, expliquant que les contrôles ne sont pas fiables à 100%.


Cinq ans plus tard, en mai 2020, Tom Dumoulin s’extirpe à son tour du MPCC. « Ce serait hypocrite d'y rester », justifie-t-il. L’équipe utilise des cétones et le rouleur néerlandais ne compte pas s’en passer. Le MPCC demande à ses membres de s’engager formellement à ne pas les utiliser : « considérant que les cétones peuvent améliorer les performances, mais aussi qu’elles présentent potentiellement un danger pour la santé des coureurs qui les utilisent, en raison des effets secondaires, cette substance pose un problème et continuera de poser un problème de façon encore plus marquée à l’avenir si aucune décision ferme n’est prise », peut-on lire sur le site Internet du mouvement. Tom Dumoulin, tente une diversion en reprochant au MPCC de ne pas vraiment protéger les coureurs : « Le mouvement prétend être là pour la santé des coureurs, mais rouler Paris-Nice était le risque sanitaire numéro 1 (on est à quelques jours du premier confinement - NDLR) et ça leur convenait ». Depuis, il a fait un burn-out mais on le verra sur le podium à Tokyo.


Cinq coureurs adhèrent au MPCC à titre individuel. Parmi eux Christophe Laporte et Tiesj Benoot dont on ne sait s’ils consomment des cétones ou s’ils s’accommodent de l’« hypocrisie » pointée du doigt par Tom Dumoulin.

Côté encadrement, ils sont quatre à adhérer au MPCC.

Liste des coureurs adhérents du MPCC
Liste des membres de l'encadrement adhérents du MPCC

ICCD : notre indice de confiance

Pour la saison 2023, nous attribuons à l'équipe la note de 8,5/20. Ceci la place en 23ème position sur 27.

«  RaboJumbo », cette année encore, reste dans le top 5 des pires équipes 2022.

Pour consulter l'article ICCD de l'équipe Jumbo-Visma en 2022, cliquez ici.