Actualité du dopage

La cycliste Marion Sicot finalement suspendue 4 ans malgré le harcèlement ?


25/02/2022 - ouest-france.fr - Gaspard Bremond

Le jugement du Conseil d’État n’est pas encore tombé, et cela devrait intervenir d’ici une quinzaine de jours. Mais Marion Sicot, la cycliste française contrôlée positive à l’EPO en 2019, et qui avait avoué les faits quelques mois plus tard, pourrait à nouveau tomber de haut. Alors qu’elle avait initialement été suspendue deux ans par la Commission des sanctions de l’AFLD, elle pourrait en réalité écoper de quatre ans de suspension.

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Dans un premier temps, la Commission des sanctions de l’AFLD, organe indépendant de l’agence antidopage, avait suspendu deux ans Marion Sicot, tenant compte du harcèlement vécu par la cycliste (théoriquement l’EPO se sanctionne toujours de quatre ans). Selon la Commission des sanctions, à l’époque, Marc Bracke avait « imposé à cette sportive, de façon répétée, un comportement humiliant à connotation sexuelle et qui n’avait à l’évidence aucune justification sportive » et il « s’est livré à un harcèlement sexuel d’autant plus inadmissible qu’il connaissait la précarité de la situation de la jeune femme et ne pouvait ignorer l’emprise qu’il exerçait sur elle du fait de ses fonctions de dirigeant [] Marion Sicot a d’autant plus cherché à se perfectionner et à réaliser des performances sportives qu’elle souhaitait échapper à ces rapports malsains [] C’est dans ce contexte particulièrement difficile, qui ne peut être ignoré que Mme Sicot a décidé d’avoir recours au dopage. » Saisie sur le cas de Marc Bracke, l’Union cycliste internationale avait ensuite reconnu le harcèlement dont elle avait été victime et avait alors suspendu son ancien directeur sportif pour trois ans. Marion Sicot avait fourni de nombreuses preuves pour appuyer son témoignage.

Dernier recours pour Marion Sicot

Sauf qu’ensuite, l’AFLD a décidé de faire appel ?de cette suspension de deux ans au Conseil d’État. « Pour l’AFLD, l’EPO = 4 ans de suspension (comme le prévoit le code mondial antidopage), nous disait Marion Sicot quelques jours après avoir appris l’appel. Mais j’ai le sentiment quelle ne veut pas qu’il y ait de circonstances atténuantes reconnues. Elle ne veut pas non plus juger au cas par cas, ouvrir une brèche là-dessus. Mais je pense justement, moi, que la justice est là pour écouter chaque cas. Chaque affaire est différente »

Selon nos informations, le rapporteur public, magistrat indépendant, vient de rendre ses conclusions il y a quelques jours, et il a préconisé une suspension de quatre ans. Dans les faits, c’est donc un an de plus que Marc Bracke. Ce magistrat a considéré qu’il n’y avait pas de lien établi entre les agissements de harcèlements sexuels et la prise d’EPO, pouvant donc justifier une diminution de la sanction.

Le Conseil d’État doit désormais trancher. Suivra-t-il les conclusions du rapporteur public ? Dans l’hypothèse où Marion Sicot était finalement suspendue quatre ans, elle n’aurait plus aucun recours juridique derrière. Alors que sa suspension de deux ans prenait fin l’été dernier, elle avait depuis participé à plusieurs triathlons, l’Embrunman, et battu le record du monde de dénivelé positif sur les pentes de l’Alpe d’Huez. Toutes ses performances seraient alors effacées.


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Cette page a été mise en ligne le 26/02/2022