Actualité du dopage

Le combat sans fin de Christophe Bassons


14/10/2016 - lemonde.fr - Clément Guillou

La Fédération française de cyclisme a fait appel d'une décision de justice indemnisant l'ancien héraut de la lutte antidopage, dans une affaire datant de 2012.

Le cyclisme français a changé. Après l'affaire Festina, il se noyait dans les profondeurs des classements ; dix-sept ans plus tard, il est en tête de la hiérarchie mondiale. La Fédération française de cyclisme (FFC) a changé, elle aussi. Après l'affaire Festina, son président, Daniel Baal, était l'un des rares à soutenir Christophe Bassons, seul cycliste tricolore ayant brisé l'omerta du dopage ; dix-sept ans plus tard, son lointain successeur David Lappartient reproche au Tarnais, reconverti dans la lutte antidopage, de « se victimiser ». Et vient de faire appel d'une décision du tribunal administratif de Bordeaux condamnant la FFC à verser 27 100 euros pour le préjudice subi par Bassons, suspendu un an en 2012 avant d'être blanchi.

L'affaire peut paraître picrocholine ; elle ne l'est pas, insiste l'ancien héraut d'un cyclisme propre, qui continue de pratiquer le VTT à un niveau amateur. « Au début, j'optais plutôt pour l'incompétence. En voyant comment s'est déroulée cette affaire, je suis convaincu que la fédération avait une réelle volonté de me nuire. Je veux montrer comment, parfois, des gens dotés d'un petit pouvoir peuvent détruire la carrière d'un sportif. »

Il y a trois ans, lors des championnats de France de VTT marathon, Bassons abandonne avant l'arrivée. Il le signale, prend une douche, puis le volant. Deux heures plus tard, coup de fil : on l'attend d'ici trente minutes au contrôle antidopage. Le coureur est trop loin et ne fait pas demi-tour, sûr de son bon droit. La FFC, s'appuyant sur son règlement qui stipule que le sportif doit lui-même s'assurer de savoir « s'il a été désigné pour un contrôle », le suspend un an. Le Tarnais conteste en s'appuyant sur le code du sport, son livre de chevet : il coordonne la lutte contre le dopage en Aquitaine.

« Fonds de commerce »

Il argue qu'un contrôleur antidopage aurait dû lui notifier son contrôle par écrit et est entendu par la commission d'appel de la FFC – qui ramène la suspension à un mois – puis par l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD), qui le blanchit totalement, en 2014. En juillet, la justice administrative a donné raison à sa demande d'indemnisation. David Lappartient, non-candidat à sa succession en 2017, réfute tout acharnement et assume de poursuivre le combat face à celui qui fut le visage de l'opposition à Lance Armstrong et qui, selon lui, « souhaite se faire de l'argent sur le dos de la fédération ».

« C'est une pirouette administrative qui lui a permis de s'en sortir », tacle le président de la FFC. « Il en fait une affaire de principe en voulant être le chevalier blanc dans l'affaire. () Il aime se victimiser, c'est un fonds de commerce. »

Le cyclisme français a toujours reproché à l'ancien coureur professionnel (1996-2001) de vouloir devenir une star avec sa bouche plutôt qu'avec ses jambes – omettant le fait que, s'il avait pris le même chemin que ses confrères, il aurait pu lui aussi connaître la gloire sportive. « On ne m'enlèvera pas de l'idée qu'il y a une affaire de marketing derrière tout ça », disait le patron du Tour, Jean-Marie Leblanc, moquant le « martyr » après l'abandon de Bassons en 1999.

« C'est toujours le même principe, s'agace l'ancien coureur. Avec Lappartient, j'ai l'impression de me retrouver face à un Richard Virenque ou un Laurent Brochard : mes coéquipiers ne me parlaient pas pour être bien avec le leader. A la fédération, c'est pareil. Les gens investis bénévolement, heureux d'accompagner les jeunes, me soutiennent. Mais s'ils veulent continuer à vivre dans le milieu, il faut qu'ils se taisent. »


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Cette page a été mise en ligne le 14/11/2024