Brève

Dopage : les désillusions de l’ancien cycliste Christophe Bassons


12/12/2019 - lemonde.fr - Clément Guillou

L’ancien coureur cycliste, las du temps perdu à débusquer les dopés, quitte l’Agence française de lutte contre le dopage. Il va se consacrer à la prévention.

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Son départ s’inscrit dans le cadre d’une réorganisation de l’AFLD, qui s’est séparée de ses anciens correspondants régionaux – les Cirad – et réoriente ses missions sur le haut niveau.

Christophe Bassons, qui était détaché par le ministère des sports, se focalisera sur des missions de prévention et d’éducation, ainsi que sur la coordination de la lutte contre le trafic de produits dopants en Nouvelle-Aquitaine.

« On ne s’est pas entendus sur le périmètre de mission, explique l’ancien coureur, qui s’était opposé à l’omerta du peloton sur le Tour de France 1999. J’ai une expérience en termes de prévention vis-à-vis des jeunes sportifs et j’aurais aimé l’utiliser au profit de l’AFLD. Mais je ne trouvais plus ma place au sein du département des contrôles de l’agence. Je n’aurais pas pu m’exprimer dans ce schéma. L’AFLD est sommée d’être plus efficace sur le haut niveau et de délaisser toute une partie des pratiquants. Les contrôles sur les petites épreuves avaient un rôle préventif. »

L’AFLD souligne que ses missions, contrôlées par l’Agence mondiale antidopage (AMA), sont d’atteindre un total de 70 % de contrôles sur le haut niveau, le reste pouvant être consacré à des compétitions amateures. Elle ajoute que la prévention reste de son ressort, mais que cela n’aurait pu être la majorité du travail effectué par Christophe Bassons.

« C’est une déception dans la mesure où on lui avait proposé de rester et où il représente quelque chose d’important dans la lutte antidopage en France, dit Mathieu Teoran, secrétaire général de l’AFLD. Ce n’est pas forcément la fin de l’histoire : on peut l’associer à nos actions de prévention s’il le souhaite. »

« On est à la merci d’un juriste »

Christophe Bassons raconte aussi la fin d’une conviction : celle que la lutte antidopage l’emporterait. Il estime aujourd’hui qu’une heure passée à mettre en place un contrôle antidopage sera toujours moins efficace qu’une heure d’échange avec de jeunes sportifs, leurs parents, leurs éducateurs.

« Je ne dis pas qu’on peut enlever les contrôles – sans eux, ce serait la catastrophe. Mais je m’épuise. Ne jamais réussir à attraper certains sportifs dont je suis convaincu qu’ils sont dopés, c’est désolant. Je constate que les cas se jouent souvent sur le terrain juridique, que les exigences procédurales essorent les préleveurs. On est à la merci d’un juriste qui va trouver la faille... Alors que lorsque je discute avec des jeunes, ça ranime la flamme. »

En choisissant de quitter l’AFLD, Christophe Bassons imite la grande majorité des conseillers interrégionaux détachés par le ministère et chargés, de 2015 à mars 2019, d’appliquer dans les territoires la politique de contrôles.

La plupart d’entre eux ont protesté en début d’année contre une recentralisation, faite à la demande de l’AMA qui s’étonnait que des agents d’un ministère puissent décider qui devait être contrôlé. Sur les seize agents en poste il y a un an (...) seuls deux devraient intégrer le nouveau dispositif l’an prochain.

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Cette page a été mise en ligne le 14/12/2019