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Actualité du dopage |
Occulté par une bonne partie des médias italiens et européens, le procès Pantani pour "fraude sportive", qui a débuté fin octobre, est entré cette semaine à Forli dans sa phase terminale. L'avant-dernière audience traitait des conditions dans lesquelles le "Pirate" a été hospitalisé après sa chute lors de Milan-Turin 1995. En présence d'un chef de service de l'hôpital de Turin, les juges ont tenté de savoir si les médecins de l'équipe de Pantani, qui ont assisté leur patient pendant son séjour en clinique, lui ont administré de l'EPO. La réponse est sans équivoque.
A la barre, le professeur Massimo Cartasegna, chef de service à l'hôpital de Turin, a fait part de sa surprise quant à l'hématocrite "yo-yo" du coureur qui allait gagner, trois ans plus tard, le Tour de France.
C'est bien ce paramètre physiologique du "Pirate" qui pourrait lui valoir une condamnation, dès le 15 décembre, pour fraude sportive. A son admission, Pantani, dans un état grave après avoir heurté un 4x4, possédait un taux de globules rouges par volume sanguin de 60,1%. Une valeur dangereuse, largement au-dessus du seuil autorisé de 50%.
Déjà grièvement touché dans le choc, Pantani aurait pu décéder des suites de complications liées à la baisse subite de son hématocrite descendue à 16% en six jours. Son taux est ensuite miraculeusement revenu à la normale en quelques heures.
"Cela m'ennuie de l'admettre mais on a probablement injecté de l'EPO à Pantani alors qu'il séjournait à l'hôpital sans que je le sache", a expliqué le Dr Cartasegna au juge Luisa Del Bianco qui lui a demandé de rendre compte de ces brusques variations.
"J'avais demandé aux docteurs Giovanni Grazzi et Mazzoni (collaborateurs du sulfureux professeur Francesco Conconi), les deux médecins de son équipe (Carrera à l'époque) si le coureur avait pris de l'EPO et ils ne me répondirent ni oui ni non. Pantani ne m'avoua pas franchement non plus, il tergiversa", poursuit le praticien.
Toujours est-il que les deux médecins qui officiaient alors pour l'équipe Carrera, la formation de Pantani, n'ont pas quitté pendant les premiers jours de sa convalescence et pourraient être à l'origine de la remontée de son hématocrite en lui ayant administré de l'EPO, poursuivant ainsi une cure débutée en toute illégalité par le grimpeur romagnol.
"Après cette remontée de l'hématocrite, le coureur et les médecins étaient parfaitement sereins et j'ai commencé à avoir quelques soupçons", conclut Cartasegna. Tout concourt en effet à prouver que Pantani, "accoutumé" à l'EPO, a eu recours à ses médecins pour maintenir son taux de manière artificielle.
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Cette page a été mise en ligne le 29/04/2009