Brève

Il n’y a plus de dopage en World Tour !


03/05/2023 - cyclisme-dopage.com - Marc Kluszczynski

Depuis deux ans, il n'y a plus de cas positifs aux dopants lourds (hormones, dopage sanguin) en World Tour (1). L'UCI a beau se gargariser du cas Nairo Quintana disqualifié de sa 6ème place du Tour de France 2022, on ne peut pas considérer l'usage du tramadol comme un cas positif, ce produit ne figurant pas sur la liste des produits interdits de l'AMA. L'agence a même repoussé son interdiction à 2024 (2), l'antalgique opioïde (50 mg équivalent à 10 mg de morphine) demeure en 2023 sur la liste des produits sous surveillance.

On ne croira pas bien sûr à cette statistique, tant depuis trois ans, les puissances estimées sont suffisamment élevées et approchent les limites non crédibles des années 2000 (450 watts). De nouvelles substances dopantes, voire de nouvelles méthodes sont apparues et avec l'aide de très bons spécialistes, les meilleurs passent à travers les contrôles.

Du côté du MPCC, les amalgames et le triomphalisme fleurissent. Le Mouvement avait banni le tramadol dès 2012. L'UCI en avait fait de même en 2019. Mais en se substituant à l'AMA, la confusion n'a fait que grandir (3). Quintana ne pouvait être suspendu.

Lors de son rapport annuel, le MPCC cite 19 procédures de dopage l'année dernière pour 29 cas révélés. Elles ne concernent pas le World Tour (à part le cas Gazzoli) mais uniquement les divisions Continental-Pro, avec l'équipe portugaise W52-FC Porto et une douzaine de cyclistes italiens amateurs. Le cyclisme n'arrive qu'en 6ème position au nombre de cas de dopage 2022, après l'haltérophilie, l'athlétisme, le tennis, le base-ball et la force athlétique. Mais on se souvient qu'en 2015, le cyclisme arrivait en tête de la recherche de tramadol avec 80% des cas.

Si le MPCC conclut à une augmentation du nombre de cas de dopage en cyclisme depuis deux ans, cette affirmation est à nuancer, car le World Tour reste bizarrement à l'écart. Les 2 cas de Gazzoli et Quintana en 2022, aucun en 2021, nombres les plus bas depuis 1998, peuvent faire sourire.

(1) Michele Gazzoli (Astana-Qazaqstan) avait été éjecté de l'équipe pour contrôle positif le 17 février 2022 au tuaminoheptane, stimulant présent dans le spray nasal vasoconstricteur Rhinofluimucil. Vinokourov parlait d'un dopage non intentionnel. Ce cas positif reste anecdotique : ce n'est pas avec du Rhinofluimucil que l'on gagne un grand Tour.

(2) En 2013, le Dr Olivier Rabin, directeur scientifique de l'AMA, déclarait que le tramadol devenait une priorité pour l'agence et que celle-ci allait revoir sa classification pour 2014

(3) L'UCI cycling regulations interdit le tramadol dans le but de préserver l'intégrité physique du cycliste et d'assurer le niveau de sécurité des compétitions. D'après l'UCI, il n'y a pas d'interférence avec le code mondial antidopage. A l'issue des compétitions, contrôle antidopage et recherche de l'antalgique sont effectués par des équipes bien différentes. Si le tramadol est présent, le cycliste est disqualifié et sanctionné d'une amende de 5000 CHF (10000 CHF si deux coureurs d'une même équipe sont en cause). A partir de la 2ème violation, le cycliste est suspendu 5 mois, puis 9 mois à partir de la 3ème fois. Mais ces suspensions sont-elles légales dans le cadre du code mondial antidopage ? Une période de suspension ne peut concerner que le dopage.


Marc Kluszczynski est pharmacien
Il est titulaire du diplôme universitaire de dopage de l'université de Montpellier (2006)
Il est responsable de la rubrique "Front du dopage" du magazine Sport & Vie et collabore à cyclisme-dopage.com


Autres brèves de 2023


Cette page a été mise en ligne le 03/05/2023