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Actualité du dopage |
Lors du Critérium du Dauphiné (8-15 juin), Tadej Pogacar avait réalisé lors de la 7ème étape (131 km et 4815 m de dénivelé) l'ascension finale de Valmenier à 450 watts étalon 70 kg soit 6,4 W/kg, selon les calculs de Frédéric Portoleau. En vérifiant les puissances calculées avec celles que certains coureurs publient, on peut dire que ces estimations de puissance sont précises à plus ou moins 10 watts. La précision du ratio W/kg serait encore meilleure avec de meilleures informations sur leurs poids. L'enseignement du Dauphiné nous montrait que le Slovène n'était que peu impacté par la fatigue et qu'il était capable sur une montée sèche de fournir 30 à 40 watts de plus, soit 480 à 490 watts pendant 40 minutes. La veille dans la côte de Domancy, il avait développé 7,5 W/kg pendant un peu plus de 6 minutes. Là encore, dans une montée sèche de quelques minutes, il est capable de développer 8,3 W/kg pendant 5 minutes. Pendant 30 minutes, il est capable de développer 7 W/kg (460 watts) là où les autres en sont à 6,2 W/kg. Le Slovène roule donc tranquille à 5,9 W/kg pendant une heure, sa FTP (Functionnal Threshold Power) se situant vers 6 W/kg.
Le Dauphiné s'était terminé avec un podium composé de Tadej Pogacar, Jonas Vingegaard et le jeune Allemand Florian Lipowitz. On attendait donc le Tour de France pour savoir si les puissances estimées des deux premiers allaient encore donner le tournis. Si le Tour s'est achevé avec le même podium, le comportement du Slovène s'est modifié au cours des trois semaines. Sa condition physique a-t-elle décliné ? Une stratégie comptable a-t-elle été dictée par ses directeurs sportifs ou par l'organisateur ASO ? Dans le première partie du Tour, le Slovène avait eu l'occasion de donner du travail aux estimateurs de puissance, puis ceux-ci se sont retrouvés au chômage : le Slovène ne cherchait plus à gagner d'étape et laissait la victoire à d'autres : Thymen Arensman gagna les 14ème et 19ème étape de Luchon Super-Bagnères et La Plagne, Ben O'Connor la 18ème étape de col de la Loze (Courchevel). Il devenait ainsi sans intérêt d'estimer les puissances de Pogacar. Au lieu de se contenter de remporter quatre étapes (4, 7, 12 et 13ème), il aurait pu aller chercher le record d'Eddy Merckx : 8 victoires en 1970 et 1974. Pour ne pas trop déplaire à l'opinion publique et calmer des soupçons de dopage, Tadej Pogacar aurait donc effectué une fin de Tour en dedans après s'être emparé du maillot jaune.
Si David Lappartient, président de l'UCI, affirme n'avoir aucune raison de douter de Pogacar, ce Tour nous en donne de nombreuses. Lors de la 4ème étape, le Slovène réalise l'ascension de la rampe Saint Hilaire (1,25 km à 9,1%) à 600 watts pendant 2 min 50 soit 8,5 W/kg après que le peloton ait roulé à bloc pendant une vingtaine de minutes. Dès la 10ème étape du 14 juillet (Ennezat-Le Mont Dore Puy de Sancy), les deux leaders ne s'emploieront plus trop dans les montées et resteront bien en deçà de ce qu'ils nous montrent depuis deux ans : ils se feront dépasser par Lenny martinez. Le Slovène aborde la montée finale sans forcer à 457 watts pendant 8 min 17 alors que ses suivants terminent en état d'épuisement. Par la suite, son équipe UAE-XRG a pu lui conseiller d'adopter un profil médiatique de coureur humble et décontracté après avoir été à la limite de l'arrogance. Lors de la montée d'Hautacam (12ème étape du 17 juillet, 180 km et 3876 m de dénivelé), Pogacar coupera son effort dans les deux derniers kilomètres, laissant ainsi filer le record de Bjarne Riis du Tour 1996, qu'il pouvait pourtant aisément battre. Pogacar est néanmoins avec 6,74 W/kg et 460 watts (ce qui correspond à un VO2 max de 100 ml/min/kg !) pendant 35 min 23 entre 25 et 30°C à 40 s de Riis (34.41 et 6.97 W/kg entre 20 et 25°C). Mais il est arrivé qu'un record d'ascension ait été battu sans l'avoir voulu : ce fut le cas de celui du Mont Ventoux en dépit de multiples attaques, d'un rythme irrégulier et d'un vent de face dans les 6 derniers km. Le Slovène en 54 min 30 à 6,44 W/kg bat le record d'Iban Mayo en 2004 (55.51 à 6,35 W/kg) lors d'un contre-la-montre avec un vélo de 6,8 kg.
Il était devenu clair que Pogacar, bien aidé par ses équipiers Tim Wellens, Jhonatan Narvaez et Nils Pollitt devenus coureurs complets chez UAE, ne roulait plus à fond, bien qu'il laissait croire que la fatigue le gagnait. Il aurait pu écraser toutes les étapes de montagne (il passe en principe la ligne d'arrivée à peine essoufflé ou marqué) vu ses démarrages dans les derniers kilomètres des cols. Les victoires offertes à d'autres (O'Connor, Thymen Arensman) étaient là pour calmer l'opinion qui se pose de plus en plus de questions à son sujet. Il est à 458 watts de moyenne dans les ascensions contrôlées en dedans de 6 étapes : 12, 13, 14,16, 18 et 19. Si les évolutions récentes dans l'entraînement, la nutrition, le matériel ne peuvent apporter au plus 10 watts de bonus, comment accepter le gouffre qui sépare Pogacar (et à un moindre degré Vingegaard) du reste des coureurs sur ce Tour où le record de vitesse a encore été battu (plus de 43 km/h) ?
Après la Grande Boucle, UAE XRG se lancera dans une opération de conquête de l'opinion publique et journalistique pour son champion malmené par les méchants médias qui ne croient décidément pas en lui. Le champion fatigué ne participera pas à la Vuelta, il évoque même sa retraite, du jamais vu chez un cycliste en activité, si jeune et avec un tel palmarès ! Que craint-il ? Aurait-on mis le doigt sur une bombe à retardement ? Les photos, les textes seront évidemment bien choisis pour le faire paraître en gendre idéal un peu timide mais au demeurant fort sympathique. L'absolution attendra.
Marc Kluszczynski est pharmacien
Il est titulaire du diplôme universitaire de dopage de l'université de Montpellier (2006)
Il est responsable de la rubrique "Front du dopage" du magazine Sport & Vie et collabore à cyclisme-dopage.com
Cette page a été mise en ligne le 24/08/2025