Dossier dopage

Quand dopage rime avec compléments alimentaires

04/2004 - Menshealth - Laurent Briot

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Je suis écoeuré de savoir que j'ai peut-être été un sportif dopé. (...) " Jean-François, professeur de sport (...), a du mal à avaler la pilule. A 32 ans, ce coureur de fond " reconverti " dans les raids multisports, est aujourd'hui en froid avec ce qu'il considérait comme " des produits naturels qui pouvaient donner un coup de main ". L'objet de sa rancoeur : les compléments alimentaires, un des secteurs les plus dynamiques du marché de la pharmacie (+ 31 % en 2003, pour un chiffre d'affaires de 503 millions d'euros). (...)

Seulement voilà, selon une enquête conduite par le Comité international olympique, les compléments alimentaires peuvent contenir des substances dopantes. Alerté par le nombre de résultats positifs ayant un lien avec l'usage de compléments alimentaires, le CIO lance, en 2002, une vaste étude portant sur 634 produits vendus en Europe et aux Etats-Unis, afin d'analyser leurs contenu réel. Résultat : 94 échantillons, soit 15 %, s'avèrent contaminés par des substances, non mentionnées sur l'étiquette, pouvant entraîner un contrôle antidopage positif.

Les accusés ? Des stéroïdes anabolisants et des stimulants, au premier rang desquels la nandrolone et l'éphédrine. L'explication est simple : les compléments alimentaires contaminés sont fabriqués dans des pays - surtout aux Etats-Unis - où la législation sur l'étiquetage et les produits dopants est la plus souple. Patrick Magaloff, chargé de mission à la fondation Sport-Santé du Comité national olympique et sportif français (Cnosf), décrypte le mécanisme : " Dans ces pays, les fabricants ajoutent des substances dopantes pour que le complément alimentaire soit efficace et donc, bien sûr, qu'il ait du succès auprès des consommateurs. " (...)

En octobre 1997, déjà, le judoka Djamel Bourras, contrôlé positif à la nandrolone, se défendait en émettant la possibilité d'avoir été trompé par " des produits pouvant en contenir de façon insidieuse ". Depuis, les cas de sportifs de haut niveau " piégés " par les compléments alimentaires se sont multipliés. Le sprinter français Christophe Cheval aux championnats du monde d'Edmonton en 2001, le tennisman Greg Rusedski en juillet dernier, le lanceur de poids C.-J. Hunter aux Jeux de Sydney. Tous accusent - de bonne foi ou non - les compléments alimentaires. A tel point que le Cnosf a jugé bon de distribuer, à la veille des Mondiaux d'athlétisme, une brochure de quatre pages en forme de message d'alerte aux athlètes.

Dans ce document, le Comité rappelle qu'il ne faut " jamais commander de produits par Internet ou par l'intermédiaire d'un magazine. Ces produits sont susceptibles d'être contaminés, notamment avec de la nandrolone ou de la caféine "(...)

Le risque de dopage par les compléments alimentaires ne s'arrête pas là. La Direction générale de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) rappelle qu'" un produit dopant peut ne pas être interdit sur le marché français ". C'est le cas, par exemple, du Ma Huang et du Guarana, deux plantes en vogue censées augmenter " la perte de poids, l'énergie et la performance ", mais positives aux contrôles antidopage. Plus troublante encore, une enquête, menée en 2002 par la DGCCRF sur 4 000 compléments, a révélé que 60 % d'entre eux étaient non conformes à la législation.

(...) Si les compléments alimentaires fabriqués et commercialisés en France sont " sains " dans la majorité des cas, c'est qu'ils respectent des normes strictes (étiquetage, traçabilité, etc.). Et ne peuvent donc avoir les effets miracles annoncés !

Au numéro vert écoute Dopage*, service d'information gratuit et anonyme, on remarque que le sujet d'interrogation en plus forte hausse ces derniers mois sont les compléments alimentaires.

* Tél. 0 800 15 2000


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Cette page a été mise en ligne le 23/02/2009