Actualité du dopage

Des coureurs font de nouveau appel aux transfusions sanguines


24/07/2003 - Le Monde - Stéphane Mandard (avec Guillaume Prébois)

Mardi 22 juillet, dans la matinée de leur deuxième journée de repos, 26 coureurs - dont les six premiers au classement général - ont été soumis à un contrôle sanguin. Comme lors des deux précédents contrôles inopinés pratiqués depuis le départ du Tour par l'Union cycliste internationale (UCI), tous ont été déclarés "aptes" à prendre le départ de la prochaine étape.

A l'abri des regards, dans leur chambre d'hôtel, ils ont alors pu s'injecter du sang neuf. Plusieurs spécialistes du dopage sanguin s'inquiètent du retour d'une pratique qu'on croyait disparue : la transfusion sanguine. Dario d'Ottavio, membre de la commission antidopage du ministère italien de la santé, en est persuadé : "Les transfusions sont aujourd'hui l'un des moyens les plus utilisés par les coureurs cyclistes pour améliorer leurs performances." Professeur à la faculté de pharmacie de Montpellier et expert auprès du Conseil de prévention et de lutte contre le dopage (CPLD), Michel Audran estime que "la transfusion a le même intérêt que l'érythropoïétine (EPO) - favoriser le transport de l'oxygène - et possède le double avantage de ne pas entraîner d'hypertension ni d'être détectable aux contrôles antidopage".

(...) Dario d'Ottavio s'est forgé sa conviction en analysant les poches de sang rapportées par les carabiniers des multiples perquisitions pratiquées lors du Giro 2001. (...)

Selon ce médecin, deux transfusions de 250 ml pendant le Tour suffiraient en vue des étapes importantes : "Un individu a en règle générale 5 litres de sang. S'il se transfuse deux fois 250 ml, il augmente ses capacités de transport d'oxygène de 20 %", calcule-t-il.

Comment expliquer alors que les contrôles sanguins diligentés par l'UCI ne révèlent pas des hématocrites au-dessus des 50 % autorisés ? "Les méthodes de l'UCI ne sont pas assez précises et n'interviennent pas au moment opportun, répond celui qui dit travailler-à la mise au point d'une technique de détection de l'autotransfusion. Il faudrait effectuer des contrôles avant chaque moment-clé du Tour, les contre-la-montre-et les étapes de montagne (...)."

L'UCI a cette année organisé deux contrôles sanguins le matin des contre-la-montre par équipes et individuel. "Avec la fatigue accumulée, l'hématocrite d'un coureur ne peut que baisser pendant le Tour, observe Dario d'Ottavio. La seule façon de déceler des hausses subites témoignant d'une stimulation exogène serait de contrôler quasi-quotidiennement au moins les trois premiers du classement général."


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