Brève

L'UCI déconnectée


06/04/2013 - cyclisme-dopage.com - Marc Kluszczynski

A l'occasion d'un déplacement en Inde pour les championnats d'Asie de cyclisme, Pat Mc Quaid a réaffirmé que l'affaire Armstrong faisait déjà partie du passé et que le passeport sanguin avait fait ses preuves pour démontrer son efficacité dans la lutte antidopage. On n'est pas dupe : pour mondialiser le cyclisme et développer les entreprises commerciales familiales, les paroles de Mc Quaid se situent sur le registre politico-commercial. La réalité est moins éclatante : l'UCI a galvaudé le passeport sanguin en diminuant le nombre de contrôles sanguins en 2010 et 2011. Et lors du retour à la compétition de Lance Armstrong, la plupart de ses échantillons sanguins n'ont pas été soumis à l'analyse des experts du passeport, selon les révélations du Dr Michael Ashenden. En déclarant que l'affaire Armstrong n'avait pas eu d'impact négatif sur le sport, Mc Quaid veut retirer à l'UCI toute responsabilité dans la survenue de ce scandale et veut passer l'éponge. On s'aperçoit donc que rien n'a changé à l'UCI et que rien ne changera. Mc Quaid et Verbruggen attendent donc sagement l'essoufflement des groupes de pression créés à la suite de l'affaire Armstrong, comme Change Cycling Now, auquel appartient Antoine Vayer. La mainmise de l'équipe Sky sur les premières courses à étapes de l'année a fait réagir ce dernier. L'ex-entraîneur des Festina demande dorénavant une transparence totale sur les performances réalisées en cyclisme, grâce à la publication des puissances et des valeurs du passeport sanguin, ce qui serait considéré comme une assurance qualité de la performance, la moindre des choses à notre époque où le sport draine des milliards d'euros. Ces idées sont intéressantes et seraient effectivement un permier pas vers la transparence. Mais les variations des constantes sanguines chez les pros passant la moitié de leur temps à 3000m d'altitude pourraient être sujettes à des interprétations différentes (sans omettre la possibilité de manipuler les constantes), et il est aussi délicat de fixer une limite à la puissance développée au-delà de laquelle le dopage serait avéré. Mais Vayer a eu raison de pousser son coup de gueule (1) : le temps de la transparence est venu et il faut bien reconnaître que l'UCI expédie les affaires courantes au lieu d'instaurer des mesures allant en ce sens (la première serait d'éjecter hors du cyclisme les médecins à la réputation de dopeurs du peloton).


Marc Kluszczynski est pharmacien
Il est titulaire du diplôme universitaire de dopage de l'université de Montpellier (2006)
Il est responsable de la rubrique "Front du dopage" du magazine Sport & Vie et collabore à cyclisme-dopage.com


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Cette page a été mise en ligne le 06/04/2013