Actualité du dopage

CICR de l'UCI: les conclusions/recommandations


09/03/2015 - laflammerouge.com - Laurent

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Soulignons d'entrée de jeu que rares sont les sports ayant osé ce genre d'exercice d'introspection, les dommages potentiels ou collatéraux étant bien évidemment importants. C'est tout à l'honneur du cyclisme et de Brian Cookson qui avait fait du CICR une promesse lors de son élection à la présidence de l'UCI.

Les conclusions

Elles sont parfois accablantes. Allons-y dans un certain ordre:

1 - Le dopage persiste "de façon évidente" dans le milieu cycliste professionnel. Il persiste pour diverses raisons: présence dans le sport de personnes au lourd passé en la matière dont certains médecins (Ferrari et Fuentes continueraient d‘être actifs dans le peloton), instabilité financière et exigence d'attirer et de retenir les sponsors (donc besoin de résultats) et structure des équipes qui parfois favorise l‘éloignement des coureurs qui peuvent donc "merdouiller" dans leur coin, voire développer leur équipe de soutien en parallèle à l'encadrement officiel de leur équipe. Le dopage serait aujourd'hui passé à l‘ère du micro-dosage permettant une régularité dans les paramètres sanguins, régularité évidemment souhaitée à l‘égard du passeport sanguin. Les gains en performance ne seraient plus aussi spectaculaires qu‘à la belle époque de l'EPO (+10 à 15%), mais sensibles et suffisants (+2 à 5%).

2 - Le dopage d'aujourd'hui vise aussi la perte de poids, permettant une amélioration du rapport poids-puissance non-négligeable. Dans ce domaine, les corticoïdes seraient particulièrement en usage (on se rappellera les soupçons d'usage de ces produits au sein de l‘équipe Europcar en 2011...).

3 - Parmi les nouvelles substances "à la mode", on retrouverait l'AICAR, le HGH, le GW1516, l'ozonothérapie (Greg Van Avermaet en a récemment été soupçonné...), les formes artificielles de testostérone, voire des mélanges tranquillisants-antidépresseurs dont une des conséquences serait des chutes plus fréquentes au sein du peloton.

4 - 90% des autorisations pour usage thérapeutique (AUT) seraient liées à une pratique dopante. 90%!

5 - Dopage technique, une possible réalité: «La commission croit qu'en réponse aux améliorations dans l'antidopage, la tricherie technique a augmenté, (...) y compris en utilisant des moteurs dans les cadres.» Les auteurs ont certainement d'excellentes informations et certitudes pour écrire cela.

6 - L'UCI a jadis informé les équipes des nouvelles méthodes de détection des produits dopants, comme les a informé des fenêtres de détection. Aie. Peu importe ce qu'en disent Messieurs Verbruggen et McQuaid, celle-là fait mal...

7 - Le CICR soulève des "soucis d'ordre général" à l‘égard de la conduite de la lutte contre le dopage dans le cyclisme.

8 - Corruption à l'UCI: si cette partie du rapport est restée confidentielle, les auteurs ont néanmoins jugé bon de recommander à l'UCI de procéder à une commission d'enquête à ce sujet, ou de mandater un comité indépendant pour se pencher sur la question. C'est donc que la CICR a de sérieux doutes à cet égard là encore.

9 - Lance Armstrong a bel et bien bénéficié d'un traitement de faveur de la part de l'UCI alors qu'il était un coureur actif.

10 - Le rapport conclut que Pat McQuaid a constitué un président "faible" de l'UCI, ne parvenant jamais à se distancer d'Hein Verbruggen. Pat McQuaid s'est également mis en situation de conflit d'intérêt par ses relations avec Lance Armstrong.

Les recommandations clés maintenant:

1 - La lutte contre le dopage devrait être plus qualitative que quantitative. À quand la reconnaissance des calculs de puissance pour identifier les coureurs suspects qui devraient faire l'objet d'un suivi plus serré?

2 - Les tests anti-dopage menés devraient être plus imprévisibles, et certains devraient être réalisés la nuit pour pallier au micro-dopage dont la fenêtre de détection est très limitée.

3 - Les autorités anti-dopage doivent établir des liens plus étroits avec les grandes compagnies pharmaceutiques. Cela pourrait en effet permettre de placer des traceurs dans les produits mis en marché, ceci afin de facilement pouvoir les retracer dans les organismes où ils ne devraient pas s'y trouver.

4 - L'UCI devrait revoir, clarifier et être plus transparente sur ses règles d‘élection de son président.

5 - L'UCI devrait revoir sa commission d‘éthique.

6 - L'UCI devrait systématiquement faire une enquête sur les coureurs soupçonnés de dopage dans le passé, ceci dans le but de pouvoir les écarter du peloton ou de son entourage.

7 - L'UCI devrait être plus vigilante dans l'octroi des AUT.

8 - L'UCI devrait s'attaquer au problème du manque de stabilité dans le financement des équipes cyclistes professionnelles.

En conclusion

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Ce rapport sera utile ne serait-ce que pour justifier les prochaines actions à entreprendre. Il constitue donc une base solide sur laquelle construire l'avenir. Notamment pour Cookson, qui a désormais du pain sur la planche et une feuille de route plus précise.

Si on pourra déplorer l'absence de noms, de révélations-choc (il aurait pu y en avoir), le sérieux des conclusions a de quoi identifier une période sombre de notre sport, ceci afin de travailler afin qu'une telle période ne soit jamais revécue (tout en étant réaliste sur la période actuelle, loin d‘être rose...). Plus encore, l'aspect public du rapport permet aujourd'hui à tous de mieux comprendre les rouages d'un sport professionnel, et ainsi prendre un peu plus de recul sur la situation probable dans les autres sports.

De quoi changer définitivement notre vision du sport professionnel...


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Cette page a été mise en ligne le 09/03/2015