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Actualité du dopage |
Dans ses longues confidences à Pierre Ballester, l'auteur de Rugby à charges, ouvrage à paraître le 5 mars aux éditions de La Martinière, mais que Le Monde a déjà pu lire dans son intégralité, Jacques Mombet, l'ancien médecin du XV de France, raconte sa rencontre à Rome en 1993 avec les médecins italiens Francesco Conconi dit « M. EPO » et Michele Ferrari, l'ex-préparateur de Lance Armstrong suspendu à vie par l'Agence antidopage américaine.
Celui qui fut le « doc » des Bleus pendant vingt ans, de 1975 à 1995, lâche une petite bombe en évoquant la collaboration de ces deux sulfureux médecins avec un cycliste français. Un certain Laurent Jalabert.
« Comme leur réputation les avait précédés, oui, ça m'intéressait de comprendre leur méthodologie de préparation, leur mode de travail, leur approche du dopage, parce que c'est bien ce dont il s'agissait à ce moment-là.
— Et ils vous l'ont expliqué ?
— En partie, oui. Ils ont pris exemple sur ce qu'ils faisaient dans le cyclisme et plus particulièrement avec un cycliste français de l'époque...
— Un cycliste français ?
— Oui.
— Lequel ?
— Jalabert.
— Et ils vous ont dit qu'ils travaillaient avec Laurent Jalabert ?
— Oui. Et c'est de cette collaboration qu'ils sont partis pour détailler leur protocole : comment ils arrivaient en avion privé sur les sites d'entraînement avec leurs produits, comment ils procédaient par périodes de cure : prendre ça pendant dix jours, s'arrêter pendant quinze jours, recommencer le cycle à renouveler trois fois au total. Ils parlaient de tout : facteurs de croissance, testostérone, EPO... »
A cette époque, Laurent Jalabert portait les couleurs de la formation espagnole ONCE, qui dominait le peloton. Cette année-là, en 1993, le sprinter avait remporté dix-huit victoires, dont deux étapes du Tour d'Espagne, de Catalogne et de Paris-Nice. (...)
Lors de son audition sous serment, le 15 mai 2013, devant la commission d'enquête sénatoriale sur l'efficacité de la lutte contre le dopage, Laurent Jalabert avait manié l'humour. A la question des parlementaires qui essayaient d'en savoir plus sur les pratiques en vigueur dans la formation ONCE, au sein de laquelle le Français se mua de meilleur sprinteur en meilleur grimpeur du Tour de France entre 1992 et 2000, l'ancien coureur eut cette réponse : « Notre docteur était surnommé "Docteur Citroën". » Une boutade pour sous-entendre qu'il n'avait pas collaboré avec Michele Ferrari.
Le travail de la commission permit néanmoins de révéler que les échantillons urinaires prélevés sur le Français lors du Tour 1998 contenaient des traces d'EPO. Malgré ses dénégations, l'ancien coureur dut renoncer à commenter le Tour 2013 pour France Télévisions. Un poste qu'il a retrouvé lors de l'édition 2014.
Cette page a été mise en ligne le 27/02/2015