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Actualité du dopage |
« Je ne peux pas dire avec fermeté que je n'ai jamais rien pris d'illicite » déclarait Laurent Jalabert le 15 mai dernier devant la commission d'enquête du Sénat sur l'efficacité de la lutte contre le dopage. Au palmarès des déclarations emberlificotées, le panda aura assurément une bonne place.
Pendant la rédaction du livre « Tous dopés ? La preuve par 21 », nous avons effectué une plongé profonde dans les archives parfois nauséabondes du cyclisme moderne. Nous y avons retrouvé un Jalabert que l'image policée de consultant sympa et compétent a estompé au fil du temps. C'est ainsi que nous avons eu la surprise de découvrir le nom du mazamétain dans des documents saisis à la fin des années 90 par les carabiniers Italiens chez... le docteur Ferrari. Dans notre livre, nous publions même quelques valeurs d'hématocrite de Laurent Jalabert. En attendant que l'ancien coureur nous explique comment ces données ont pu atterrir sur celui qui était en passe de devenir le cerveau du système Armstrong.
Pendant son audition au Sénat, Jalabert ajoutait : « J'ai couru dans trois équipes. Comme les autres coureurs, j'avais tout un encadrement en qui, moi, j'avais pleine confiance. Que ce soit au niveau du management, de la partie mécanique, ou au niveau médical ». Les bras nous en tombent car au cours de notre plongée en eaux profondes, nous avons vu ressurgir des images du Tour d'Espagne 1995, remporté par un Jalabert au sommet de sa forme. Nous vous en livrons quelques unes. Chacun pourra se demander s'il aurait eu « pleine confiance » en l'équipe Once.
L'histoire commence le 7 septembre 1995 à l'hôtel Auriense, à proximité d'Orense où la 3ème étape de la Vuelta vient de s'achever sur la victoire du coureur de la Once, Laurent Jalabert, porteur du maillot de leader depuis trois jours.
Laurent Jalabert dîne en compagnie de ses coéquipiers. Une bouteille de rouge est sur la table, histoire de fêter la victoire du jour.
Laurent Jalabert occupe la chambre 320, en compagnie de l'Espagnol Roberto Sierra. Le médecin José Aramendi occupe pour sa part la chambre 322.
Après une bonne nuit, Jalabert et ses coéquipiers reprennent la route triomphale : il emmènera le maillot de leader jusqu'à Madrid où il remportera ce 50ème Tour d'Espagne devant Abraham Olano de la Mapei (contrôlé positif à la caféine en 1994) et le coéquipier du Français, Johan Bruyneel (qu'on ne présente plus). Les Once étaient en pleine forme sur cette Vuelta.
Pendant ce temps, un journaliste curieux et à l'esprit mal tourné, Niels Christian Jung, rend une visite dans la chambre 322 du Dr Aramendi, un transfuge de l'équipe Telekom. Il y trouve dans une poubelle un sac normalement destiné au lavage du linge pour les clients qui séjournent plusieurs jours dans l'hôtel.
Le « linge » qui se trouve dans ce sac trouvé est quelque peu particulier et se passe de commentaires :
Dans ce fatras, on retrouve des kits de transfusions et de nombreux médicaments, autorisés ou non. En particulier, on retrouve de l'Epopen, une EPO commercialisée en Espagne.
Les analyses pratiquées sur les restes de produits confirmeront l'utilisation de ce produit. En 2013, on pratiquerait sans doute un test ADN pour savoir quels coureurs étaient concernés. Il n'est donc pas permis d'incriminer Laurent Jalabert, qui dormait à côté de cette véritable pharmacie hospitalière et « avait pleine confiance » dans l'encadrement de la Once.
« L'hôtel Eurostars Auriense vous tend un large éventail de tentations », explique aujourd'hui le site Internet de la luxueuse résidence. On ne saurait mieux dire.
Tous dopés ? La preuve par 21 Disponible en kiosque Disponible en français, anglais et allemand Avec les calculs d'Antoine Vayer et Frédéric Portoleau et l'explication détaillée de sa méthodologie Cliquez ici pour en savoir plus |
Cette page a été mise en ligne le 25/12/2013