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Actualité du dopage |
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Le bras de fer juridique qui oppose le coureur Lance Armstrong à son assureur texan SCA Promotions est entré dans une nouvelle phase. Mardi 1er février, la compagnie d'assurances a désigné l'avocat californien Richard Chernick pour la représenter dans la procédure d'arbitrage engagée par le coureur devant le tribunal de Dallas.
Raison du litige : l'assureur refuse de lui verser la prime de 5 millions de dollars qu'il lui avait promise en cas de victoire dans le Tour de France 2004, invoquant les suspicions de dopage nées de la publication (...) de L.A. Confidentiel (...).
Dans les prochains jours, Richard Chernick doit rencontrer Ted Lyon - l'avocat texan choisi par Armstrong pour représenter ses intérêts - afin de nommer un troisième arbitre, neutre celui-là, chargé d'engager la procédure. En cas de désaccord, c'est le juge de Dallas Adolph Canales qui le désignera. Selon une source proche du dossier, le procès pourrait se tenir cet été (...).
Le livre des journalistes David Walsh et Pierre Ballester cumule les témoignages mettant en cause l'intégrité des performances sportives du coureur texan. Notamment celui de l'ancien coureur néo-zélandais Danielson Tom, qui laisse clairement entendre que l'Américain avait recours à l'érythropoïétine (EPO), lorsqu'ils étaient coéquipiers dans l'équipe Motorola au milieu des années 1990 (...).
"La question juridique qui est posée est la suivante : si SCA avait eu connaissance du faisceau d'indices laissant présumer la possibilité de fraude sportive (...) entourant la carrière de M. Armstrong, il n'aurait pas conclu un tel contrat à de telles conditions", a expliqué Me Thibault de Montbrial, qui représente les intérêts de la compagnie texane en France et en Europe, et conseille par ailleurs La Martinière, l'éditeur de L.A. Confidentiel, dans le procès en diffamation intenté à son encontre par le coureur.
Spécialisé dans la couverture de "risques" liés à la réalisation de performances sportives, SCA (...) avait été approchée en 2001 par Tailwind Sports, propriétaire de l'US Postal, afin de mettre en place un système de gratification destiné à inciter Lance Armstrong à remporter six Tour de France d'affilée.
Contre une prime d'assurance de 400 000 dollars, le contrat prévoyait que SCA verse au cycliste un total de 9,5 millions de dollars en cas de victoire dans les éditions 2001, 2002, 2003 et 2004 de la Grande Boucle. La firme texane a honoré son engagement après le troisième, le quatrième et le cinquième sacre de l'Américain en lui versant 1,5 million puis 3 millions de dollars. Mais après avoir pris connaissance des informations contenues dans L.A. Confidentiel, le président de la compagnie d'assurances, Bob Hamman, a décidé de bloquer les 5 millions de dollars qu'il lui restait à verser à Lance Armstrong après son sixième maillot jaune.
"Nous considérons que la position adoptée par SCA est un prétexte qui ne s'appuie sur aucun fondement juridique ou légal (...) pour ne pas s'acquitter de la somme qu'il s'était engagé à payer", a déclaré Me Donald Manasse qui gère les intérêts du cycliste en France.
Depuis plusieurs mois, les limiers de SCA Promotions sillonnent le monde afin de collecter des attestations certifiant les propos des principaux témoins cités dans le livre. Selon une source proche du dossier, certains d'entre eux seraint l'objet de pressions. Peu de temps après la sortie de l'ouvrage, Emma O'Reilly - ancienne soigneuse de Lance Armstrong qui accuse notamment le coureur de lui avoir demandé de se débarrasser de seringues usagées en 1998 - a été interrogée à son domicile par deux avocats mandatés par l'Américain.
Plus récemment, la société Trek, sponsor de l'équipe de Lance Armstrong, aurait menacé de ne plus distribuer les vélos de Greg Lemond si celui-ci maintenait ses critiques à l'égard de son compatriote. (...)
Autre signe de tension dans le clan Armstrong, le coureur (...) a (...) fait lui-même le déplacement (...) pour obtenir la récusation de Thibault de Montbrial de son rôle d'arbitre de CSA auprès du tribunal de Dallas. Fin connaisseur du milieu cycliste et des affaires de dopage (il a notamment défendu l'ancien directeur sportif Tour de vices, Bruno Roussel, Hachette 2001 dans le procès Festina), l'avocat semble faire peur à l'Américain qui répète que "les Français veulent sa peau". "Mon rôle est d'aider SCA à décrypter le particularisme du cyclisme professionnel, explique Thibault de Montbrial. Et de faire comprendre aux arbitres américains que quand un cycliste professionnel déclare qu'il n'a jamais été contrôlé positif, il ne faut pas entendre qu'il ne s'est jamais dopé."