Dossier dopage

Le tapentadol, cet analgésique plus puissant que le tramadol qui inquiète les organisateurs du Tour de France


- science-et-vie.com - Auriane Polge

Alors que les chutes se multiplient et que les pelotons atteignent des vitesses records, certains observateurs redoutent que les limites physiologiques soient contournées grâce à des produits encore légaux mais potentiellement risqués.

Dans le sillage des scandales liés aux substances détournées, un nom suscite une attention croissante dans le peloton professionnel. Médicament reconnu pour son efficacité contre des douleurs chroniques sévères, le tapentadol s'invite désormais dans les discussions sur le dopage masqué. Sa puissance, son statut encore légal et sa capacité à atténuer la douleur sans être détecté relancent les inquiétudes au sein des instances du cyclisme, qui redoutent de revivre les dérives observées avec le tramadol.

Un médicament conçu pour soulager, réquisitionné pour endurer

À l'origine, le tapentadol visait à soulager des douleurs sévères liées à l'arthrose, au diabète ou à certains cancers osseux. Arrivé en Europe en 2011, ce médicament appartient à la catégorie des opioïdes forts, comme la codéine ou la morphine. En France, il était vendu sous le nom de Palexia jusqu'en 2021. Sa prescription restait encadrée, bien que sa puissance — dix fois supérieure à celle du tramadol selon les estimations — le rende particulièrement redoutable en cas de mésusage.

Dans un contexte sportif où la gestion de la douleur devient un enjeu de performance, certains athlètes détournent ces traitements à des fins d'endurance. Le docteur Yann Mossler, médecin de l'équipe Arkea-B&B Hotels, observe que des produits comme le tapentadol modifient la perception de l'effort. Ils permettent aux athlètes de repousser leurs limites, en détournant un simple antalgique de son usage initial. (...) Ce médicament conçu pour la médecine lourde s'insère peu à peu dans des environnements où la performance prime sur la prudence.

Dans le peloton, le tapentadol s'impose comme le nouvel outil de dépassement

L'Union cycliste internationale (UCI) tire la sonnette d'alarme. Elle redoute que le tapentadol prenne la relève du tramadol, banni du peloton depuis 2019 (...). En mai dernier, lors d'une réunion avec les acteurs du cyclisme professionnel, l'UCI a exprimé ses inquiétudes face à l'utilisation de ce nouveau médicament. L'instance a reconnu ne pas disposer de preuves formelles quant à sa diffusion dans le peloton, mais elle l'a déjà fait inscrire au programme de surveillance de l'Agence mondiale antidopage.

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Cet article a été mise en ligne le 08/11/2025