Dossier dopage

L'Aicar en poudre dans les bidons, le nouveau produit des tricheurs ?


23/01/2020 - ouest-france.fr - Gaspard Bremond

L'Aicar n'est, à la base, pas un produit nouveau. Connue des chimistes depuis les années 50, elle aurait fait son apparition dans le sport dans les années 2000. Avant les JO de Pékin, en 2008, une étude américaine avait notamment rendu des conclusions choc concernant ses effets positifs pour l'endurance. En clair, l'Aicar renforcerait les muscles sollicités par l'endurance tout en favorisant la combustion des graisses et la résistance. Le tout, sans le moindre effort. Cette molécule diminuerait la fatigue, aussi. Associé au GW 1516, son effet serait renforcé.

A la fin de la première décennie des années 2000, l'Aicar avait beaucoup fait parler d'elle, donc, alimentant certains fantasmes (...). Sauf qu'aucun sportif n'a été contrôlé positif à cette substance, et qu'à la vitesse où progresse la science, les regards ont eu tendance à se détourner de l'Aicar. (...)

Mais ces derniers temps, l'Aicar a recommencé à faire partie des conversations (...). Cet été, sur le Tour de France, Jean-Jacques Menuet, médecin de l'équipe Arkéa-Samsic, avait ouvertement posé le problème de l'Aicar, et de ses soupçons. " J'ai un décodeur, et j'ai des antennes ", nous avait-il dit...

Le MPCC plaide pour une augmentation des contrôles.

En décembre, le Mouvement pour un cycliste crédible (MPCC) a donc publié un communiqué où il réclamait d'être encore plus " percutant " dans les contrôles, évoquant notamment l'Aicar. Mais avec une nouveauté : l'Aicar présent dans les bidons en course. " Sur la base des témoignages qu'il a recueillis, le MPCC demande l'ouverture d'une enquête au sujet de l'utilisation présumée d'une "poudre" (Aicar ?) qui serait potentiellement utilisée par certains coureurs ou équipes dans les bidons dans le final des courses ", est-il écrit dans le communiqué de l'organisation (...).

Cette information, le MPCC l'a en réalité obtenue via Georg Preidler, le coureur autrichien ayant avoué avoir tenté de se doper (par transfusion sanguine), l'an passé, dans le cadre du scandale Aderlass. (...)

" L'Aicar est quasiment indétectable "

Le MPCC plaide ainsi pour des contrôles plus proches des départs des courses, mais également juste après les arrivées. La clé, pour des produits comme l'Aicar, demeure en effet de s'y prendre dans un délai court pour trouver les tricheurs. " L’Aicar est quasiment indétectable, disait Jean-Jacques Menuet cet été. La fenêtre de tir est très réduite : vingt minutes entre la prise et la fin de la détection aux contrôles. Les coureurs ont largement le temps de bricoler... "

S'ajoute la problématique de la compétence pour effectuer ces contrôles. Aujourd'hui, en Europe, seul le laboratoire de Cologne (Allemagne) est réellement efficace pour détecter l'Aicar. (...)

Des analyses d'échantillons.

Suite à la demande du MPCC d'aller se pencher davantage sur l'Aicar en poudre, l'UCI a répondu " que la CADF (sa fondation antidopage) investiguait non seulement sur l’utilisation de l’Aicar mais également sur l’utilisation de toute autre substance qui pourraient s’avérer être répandue au sein du peloton. "

" La validation scientifique ne va pas tarder "

En juillet dernier, sur la Grande Boucle, David Lappartient, président de l'UCI, avait mis en garde les coureurs susceptibles d'être tentés par l'Aicar : " Les échantillons sont gardés 10 ans. Que celles et ceux qui pourraient utiliser de tels produits, dont les méthodes de détection ne seraient pas encore scientifiquement validées, soient certaines que la validation scientifique ne va pas tarder... "

(...)


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Cette page a été mise en ligne le 23/01/2020