Dossier dopage

Le drôle de statut de la cocaïne dans la lutte contre le dopage


12/10/2023 - lequipe.fr - Romain Donneux

Déclarée « substance d'abus » depuis 2021 par l'Agence mondiale antidopage, la cocaïne, (...) est seulement interdite en compétition mais n'est pas sanctionnable le reste du temps.

Certains n'en reviennent toujours pas. En 2021, l'Agence mondiale antidopage (AMA) a fait passer la cocaïne dans le registre des « substances d'abus », ouvrant une possibilité d'utilisation de ce produit en dehors des compétitions. Une décision qui ne suit pas forcément la logique de l'instance mondiale, qui, dans ses statuts, a entre autres la protection de la santé des athlètes comme pilier, mais les différentes affaires liées à la cocaïne dans le sport (Maradona, Hingis, de Villiers pour ne citer qu'elles) l'avaient un peu essoufflée.

Prendre un rail pour mieux jouer est donc toujours évidemment une faute mais en prendre le reste du temps (...) n'est pas non plus la meilleure idée du siècle pour rester en bonne santé.

Mais comme c'est le cas pour le cannabis, l'héroïne et l'ecstasy (substances également classées dans les abus), la cocaïne n'est pas recherchée lors des contrôles hors compétition et son utilisation n'est donc pas sanctionnable sportivement si les tests s'avèrent négatifs lors des compétitions. Il existe donc une faille dans laquelle les sportifs peuvent s'engouffrer sans pour autant risquer gros.

Des suspensions réduites si l'athlète prouve un usage récréatif de la cocaïne

En effet, lorsqu'un échantillon revient positif à la cocaïne (...), l'athlète est instantanément suspendu provisoirement - ce qui est l'usage puisqu'il s'agit d'un stimulant non spécifié (qui ne peut pas se retrouver par hasard dans l'organisme), dont la suspension peut aller jusqu'à quatre ans -, mais peut se défendre en démontrant l'usage récréatif de la substance. Si, comme l'indique le code mondial antidopage, « le sportif peut établir que l'ingestion ou l'usage s'est produit hors compétition et sans rapport avec la performance sportive », ce dernier n'écope que de trois mois de suspension, ramenés à un mois s'il « suit de manière satisfaisante un programme de traitement contre les substances d'abus approuvé par l'organisation antidopage responsable du résultat (...) ».

Pour cela, le sportif doit prouver qu'il n'a pas ingéré la cocaïne en vue d'améliorer ses performances. « La substance reste au maximum trois jours dans les urines chez un sportif de haut niveau, indique Jean-Claude Alvarez, directeur du laboratoire de toxicologie du CHU de Garches (Hauts-de-Seine). Ensuite, on peut faire une analyse des cheveux pour savoir si c'est un cocaïnomane, car l'analyse urinaire permet juste de donner un regard à l'instant "T", mais pas de savoir si la prise est régulière. » C'est donc la concentration retrouvée qui sera le juge de paix.

Super psychostimulant, la cocaïne permet de repousser ses limites, avec une phase d'euphorie et d'anesthésie de la douleur, qui n'est évidemment pas anodine sur des terrains de sport. (...)


Lire l'article en entier



Sur le même sujet


Cette page a été mise en ligne le 17/10/2023