Dossier dopage

La directrice de l’UCI, Amina Lanaya, veut payer des indics pour dénicher les tricheurs


18/01/2022 - sudouest.fr

Dans une interview à Ouest-France, la directrice générale de l’UCI estime que les tests antidopage ne suffisent pas pour démasquer les tricheurs et avoue son inquiétude face aux échos qui lui reviennent, de nouvelles dérives dans le peloton

Le cyclisme traverse actuellement une période troublée où la domination excessive de certaines équipes a entraîné ces derniers mois un net regain de la suspicion. Cette zone grise, ou ce cyclisme à deux vitesses, notamment caractérisé par l’usage de certains produits pas tout à fait interdits (corticoïdes, cétones), mais aux vertus dopantes avérées ou supposées ont d’ailleurs fait réagir cet hiver certains coureurs (...).

Un constat qui n’a pas échappé aux instances internationales et notamment à l’Union Cycliste Internationale. Dans une interview décapante à Ouest-France, parue le 10 janvier, la directrice générale de l’UCI a d’ailleurs partagé ces doutes de façon assez limpide, évoquant notamment les soupçons de dopage technologique. « Moi aussi, je vois les vidéos de ces roues qui tournent toutes seules. On a toujours investigué sur ce genre de problématiques révélées. Mais il est difficile d’avoir une preuve à partir d’images révélées a posteriori et de sanctionner quelqu’un. On est à fond sur ce sujet-là. »

Quand je vois ces images du Tour d’Emilie, une de mes courses préférées, j’ai pas l’impression d’avoir monté le même versant de San Luca ces années là (pour la faire simple 2 bornes à 10%), c’était du moto GP cette année ? ???? https://t.co/9fSouNc4T2

— Romain Bardet (@romainbardet) October 2, 2021

Retours aux années 90 ?

Quant au dopage plus classique et à ce fameux cyclisme à deux vitesses qui renverrait aux années 90, Amina Lanaya confirme qu’elle a rencontré des coureurs et managers qui lui ont fait ce type de description. « C’est effectivement ce qu’ils nous ont remonté, dit-elle. On veut continuer à garder ce lien. On veut savoir ce qu’il se passe, ce qu’il se dit, connaître les préoccupations des coureurs. Quand j’entends qu’ils sont préoccupés, qu’ils ont l’impression d’être revenus aux années Festina, ça fait peur. »

Dans ces conditions, la directrice générale de l’UCI dit vouloir agir, mais sans se contenter des contrôles antidopage. « Le testing est un moyen utile, mais sur la base d’informations fiables glanées en amont. Si on ne sait pas que tel coureur s’injecte des micro-doses d’EPO la nuit, on ne peut pas déclencher le night testing. Il nous faut des informations émanant du peloton. On a besoin de radio peloton. Les gens parlent. Il y a, il y a eu, une forme d’omerta. » Et pour briser cette omerta, Amina Lanaya imagine des méthodes inspirées des enquêtes criminelles. « Je suis peut-être extrême dans ma façon de penser, mais je crois qu’il faut infiltrer. Infiltrer le peloton, infiltrer certaines équipes, payer des indics. Est-ce juridiquement possible ? Cela reste à voir, mais c’est la seule façon d’y arriver. C’est l’effet dissuasif. Quand on commencera à avoir des cas positifs chez des gens qui se croient intouchables, radio peloton fonctionnera alors très vite dans le sens inverse. »

Bugno en colère

Des propos très virulents qui ont provoqué la colère de Gianni Bugno, le président du CPA, le syndicat des coureurs. « Il semblait que le problème du dopage était en train d’être résolu, tonne l’Italien dans la Gazzetta dello Sport, mais si vous envisagez des actions de ce type, cela signifie que vous n’en êtes pas convaincu. Ce n’est vraiment pas agréable de lire de telles choses de la part de l’UCI. Peut-être pourrions-nous demander des éclaircissements sur ces propos qui remettent en question tout le système. On parle de sport, tout de même, pas de crime ».


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Cette page a été mise en ligne le 24/10/2022