Brève

Romain Bardet sur le dopage : « On devrait être testés encore plus »


13/12/2021 - lequipe.fr - Gaëtan Scherrer

Le Français, qui s'épanouit depuis un an chez DSM, craint la résurgence d'un cyclisme à deux vitesses et appelle les autorités antidopage à légiférer plus vite sur certains produits.

(...)

« Quel regard portez-vous sur le niveau global du peloton en 2021 ?

Il est extrêmement dense. J'ai l'impression d'avoir élevé mon niveau de jeu cette année mais ça ne s'est pas forcément vu, tant le peloton roule vite... Ça va crescendo chaque année et ce n'est sans doute pas près de s'arrêter. C'est comme ça. Je ne suis pas résigné pour autant. Je ne l'ai jamais été et je ne le serai jamais : rester compétitif au plus haut niveau continue de me guider chaque jour. Je connais mes données de performance depuis dix ans, je sais où je vais et comment me situer par rapport à mes adversaires. Cela me permet de relativiser un peu les choses et de garder foi en ce que je fais.

Ce n'est pas facile tous les jours ?

Non, surtout quand je vois le peu de contrôles (antidopage) subis en 2021. Ça ne m'avait pas étonné en 2020 avec le Covid qui avait tout chamboulé, mais là... Je n'ai pas l'omnipotence pour affirmer que c'est une tendance générale, peut-être qu'il y a des exceptions et je suis sûr que ces gens font bien leur travail en ciblant les coureurs qu'ils contrôlent, mais quand je vois qu'on est parfois quatre ou cinq équipes à loger dans le même hôtel pendant certains stages sans qu'on n'y soit jamais testés sur de longues périodes, je me dis qu'il y a encore du travail à faire. Même si l'équipe DSM a son propre programme antidopage, qui fait qu'on subit des contrôles réguliers, on devrait être testés encore davantage selon moi, c'est indispensable pour assurer la propreté de notre sport.

Cela vous inquiète ?

Oui, parce qu'on sait qu'il y a un souci. Il y a plein d'indices concomitants, il existe aujourd'hui encore des zones grises concernant certains produits, comme les cétones, et rien ne se passe. On parle beaucoup et on agit peu, voire pas du tout. Ce décalage m'embête. Il serait pourtant simple de légiférer sur ce sujet qui continue de polluer l'image du vélo.

Dans son livre publié cet hiver, Arnaud Démare évoque un peloton où « tous les coureurs n'ont pas la même limitation de vitesse ». Vous partagez ce constat ?

Je n'irai pas jusque-là, j'aimerais juste que les instances décident plus efficacement de ce qui est permis et ce qui ne l'est pas. Les cétones, on en parle depuis des années. Pourquoi n'a-t-on toujours pas de position claire à ce sujet ? Pourquoi leur consommation dépend-elle encore du bon vouloir des équipes, de leurs critères éthiques ou de leurs capacités financières ? Je sais que c'est un sujet complexe, j'ai vu l'interview de Xavier Bigard (le directeur médical de l'UCI, sur le site L'Équipe la semaine dernière) qui soutient que les cétones n'améliorent pas les performances. Je suis juste navré de voir qu'on demeure dans une zone de flou. Il serait si simple de prendre une décision ferme, la même pour tout le monde. Combien d'articles, combien de polémiques faudra-t-il encore avant qu'on légifère ? Les décisions sont prises trop lentement et cela renforce un cyclisme à deux vitesses dans le sens où ça crée encore plus de différences entre les équipes permissives et celles qui adhèrent au MPCC (Mouvement pour un cyclisme crédible) (...). Tout cela crée de la confusion alors qu'on a besoin de clarté.

(...)


Lire l'article en entier



Autres brèves de 2021


Cette page a été mise en ligne le 12/11/2022