|
Brève |
Depuis que Chris Boardman, avant de se retirer des pelotons, a battu de dix petits mètres le vieux record de l'heure d'Eddy Merckx réalisé en 1972 dans un dernier sursaut d'orgueil, on pensait que le Britannique serait le détenteur de cette performance pour un très long bail. En effet, pour éviter une sur-inflation dans l'avancée technologique et posturale, l'UCI avait changé ses règlements à l'aurée du vingtième siècle. Fini le vélo fait par Obree avec des bouts de machine à laver, fini les positions anti-conformistes de Francesco Moser et de Boardman, avec son guidon "Superman" : un retour à un certain classicisme dans le choix du matériel et des positions était désormais de mise.
(...)
Il faut donc une certaine dose de folie pour oser se lancer seul, face au chronomètre et à la piste, pour une heure de souffrance pure. Lorsqu'il porta ce qu'il était encore convenu d'appeller à l'époque le record de l'heure (avant que cela soit finalement reclassé en meilleure performance absolue dans l'heure) à plus de 56 kilomètres en 1996, Chris Boardman avait d'ailleurs déclaré qu'il « voulait mettre ce record le plus loin possible, pour faire réfléchir à deux fois ceux qui voudraient s'y attaquer à l'avenir.»
(...)
La souffrance et la difficulté doit être un des nombreux facteurs explicatifs qui expliquent la perte d'intêret de ce record aux yeux des cadors du peloton. (...)
(...)
Qui est donc ce Ondrej Sosenka, qui a été assez fou pour souffrir le martyr une heure ? Doté d'un nombre impressionnant de victoires chez les juniors et les espoirs, il a été formé à l'école italienne, passant trois années dans les rangs amateurs de l'autre côté des Alpes, et rejoignant notamment dans la réserve de la Mapei en 1999. Passé professionnel l'année suivante dans la modeste équipe slovaque PSK, il met en exergue ses qualités de rouleur, puiqu'il est devenu quatre fois champion national du contre-la-montre depuis 2000, ne connaissant que deux échecs face à un autre bon spécialiste de l'effort solitaire, Michal Hrazdira. Témoin de ses prédispositions face au chronomètre, 17 de ses 35 victoires professionnelles sont des contre-la-montre, la plupart disputés en République Tchèque ou en Pologne. Paradoxe : sa meilleure performance aux championnats du monde du contre-la-montre est une très modeste quatorzième place acquise à Plouay en 2000.
(...)
Cependant, une ombre, bien gênante, vient écorner la carte de visite du nouveau recordman de l'heure. En 2001, les "vampires" de l'UCI lui trouvent un taux d'hématocrite supérieur à 50 % sur la Course de la Paix, Course de la Paix qu'il ... remportera en 2002 ! Depuis, le Tchèque n'a jamais été aussi fort. Mais depuis ce regrettable épisode, on peut émettre légitimement une certaine retenue quant à ses résultats obtenus. En effet, certains émettent d'ores et déjà des doutes sur la viabilité de sa performance, qui relègue Anquetil à plus de trois kilomètres et demi, Roger Rivière à plus de deux kilomètres, et Eddy Merckx à 269 mètres, soit près d'un tour sur l'anneau moscovite, qui mesurait 333 mètres.
(...)
Cette page a été mise en ligne le 11/09/2005