Actualité du dopage

Pour la première fois, les hormones de croissance seront détectables.


13/08/2004 - Libération - Blandine Hennion

Les conférences de Richard Pound, le président de l'Agence mondiale antidopage (AMA), nécessitent non seulement un traducteur, mais aussi une cohorte d'exégètes (...). Car l'homme parle avec une prudence de Sioux (...). Le patron de l'AMA ne veut pas fâcher le Comité international olympique (CIO) sur ses terres. Les 3 500 contrôles qui seront réalisés pendant les Jeux relèvent de la responsabilité de l'Athoc, le comité d'organisation grec. L'AMA se bornera donc à faire une centaine de contrôles hors compétition, sur les lieux d'entraînement, des athlètes qui ne sont pas encore accrédités. L'agence disposera en outre (...) d'observateurs indépendants qui rendront public leur rapport sur les processus de contrôle.

Si Pound est aussi avare de mots, c'est que les tricheurs sont bardés d'avocats prêts à sauter sur la plus petite faille juridique. Il a ainsi fallu attendre les questions-réponses pour apprendre que, pour la première fois, des tests sanguins seront réalisés pour détecter les hormones de croissance, l'hémoglobine de synthèse et les hétérotransfusion. (...) «Les tests sont prêts. Je ne vais pas en dévoiler les détails car il ne faut pas donner des informations aux tricheurs», s'est borné à commenter (...) le président de l'AMA.

(...) Entrent alors les exégètes. Les tests sont prêts ? Cela signifie que la validation scientifique est acquise à 100 %. L'AMA ne veut pas risquer des contestations juridiques. L'Union cycliste internationale (UCI) avait ainsi annoncé que l'hormone de croissance serait recherchée sur le Tour de France 2004. Mais elle a dû congeler les prélèvements sanguins pour les tester ultérieurement car la validation n'était pas acquise. Cette fois-ci, des tests sanguins auront bel et bien lieu à Athènes sur ces nouvelles substances. Combien ? Mystère. 135 avance le quotidien italien Gazzetta dello Sport. C'est très peu sur 900 médailles et 3 500 tests au total. «On ne peut donner de chiffre. Cela variera au fur et à mesure de la validation des tests scientifiques», confie un expert de l'AMA. En fait, c'est la méthode directe allemande de détection de l'hormone de croissance qui est aujourd'hui validée. «Les échantillons sanguins seront congelés trois mois par le CIO. D'autres tests seront très prochainement validés. Et le CIO pourra dans les mois qui viennent décider de nouvelles batteries de tests sanguins», poursuit-il. L'intérêt ? La méthode directe de détection de l'hormone de croissance ne permet pas de trouver trace du produit au-delà de 36 ou 48 heures après la prise. Il faudrait vraiment être nigaud pour toucher à ça la veille de l'épreuve.

(...) D'autres méthodes à venir sont plus sensibles. Mais Pound n'aime pas s'étendre : «Il y aura une surprise désagréable pour les tricheurs aux Jeux. Un cas positif, ce sera plus efficace que de dévoiler les modalités des tests.» Pound aime les cas positifs. «(...) Les cas positifs, c'est un signe de succès de la lutte antidopage.» Il y en a eu treize à Los Angeles en 1984, après le «tout-propre» suspect de Moscou en 1980. Combien à Athènes rejoindront le boxeur kényan David Munyasia, déjà exclu pour prise de drogue douce (cathine, un stimulant) ? Les douze cas de Sydney avaient été identifiés grâce aux seuls tests urinaires. «On attend notre premier positif au test sanguin», s'impatiente Pound. Encore faut-il que les tricheurs ne prennent pas peur. «C'est fou ce qu'il y a comme blessures subites à la veille des Jeux.» Un bon point pour l'AMA ?


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