Actualité du dopage

Tour de Lombardie : Eddy Merckx positif à la noréphédrine


1989 - Eddy Merckx, La Roue de la fortune, du champion à l'homme d'affaires - Joël Godaert

Il convient de replacer le Tour de Lombardie [1973] dans le contexte de l'époque et se rappeler ainsi combien la victoire de Merckx était importante pour lui. Au championnat du monde de Montjuich, Eddy avait craqué, le titre était allé à Gimondi et, surtout, ln violente bagarre avec Freddy Maertens et ses supporters avait laissé des traces. Brusquement, une partie du public avait tourné le dos à son champion, l'avait même critiqué. Merckx avait courbé l'échine, se promettant de répondre sur le terrain. On sait qu'il avait gagné coup sur coup Paris-Bruxelles, le Grand Prix des Nations, puis, le Tour de Lombardie. Dans cette dernière épreuve, il avait signé un remarquable exploit de plus, se déjouant d'une très forte opposition menée par Gimondi, De Vlaeminck et Ocana entre autres, et terminant seul à Côme. Dans la grimpée de Schignano, le « Gitan » avait été le dernier à résister au train infernal imposé par Merckx, puis, de guerre lasse, il avait lâché prise à son tour. Nullement effrayé par les 60 km qui lui restait à parcourir, Eddy fonça seul vers l'arrivée qu'il atteignit avec plus de quatre minutes d'avance sur ses poursuivants, Felice Gimondi en tête. Une étonnante démonstration qui l'avait, définitivement croyait-on, le douloureux échec de Montjuich. Mais il faut croire que ce 13 octobre était un jour funeste pour Merckx. Trois semaines plus tard, le 8 novembre, la Commission technique du groupement des professionnels italien le dépouillait de sa victoire sur la base du contrôle médical. Des traces de « noréphédrine » avaient été décelées dans les urines du champion, et ce produit figurait sur la liste des dopants établie par l'Union Cycliste Internationale. Eddy ressentit la nouvelle comme un véritable coup de poignard dans le dos. Il promettait de ne pas se laisser traîner dans la boue et proclama son innocence. Pourtant, il avait bel et bien absorbé un produit défendu.

- Ce fut réellement une affaire ridicule. Dans l'épreuve « A Travers Lausanne », j'avais souffert d'un léger refroidissement. Le médecin de l'équipe, le docteur Cavalli, m'avait donné un sirop. Il est apparu, plus tard, que c'était ce sirop la cause de mon malheur.

Très vite, le médecin italien avoua son erreur.

« Eddy Merckx n'y est pour rien, je suis le seul coupable », expliqua Cavalli au lendemain de l'annonce du déclassement du Bruxellois. « Je lui ai effectivement prescrit un sirop dont j'ignorais qu'il contenait de la « noréphédrine ». Le verdict place le nom de Merckx au centre du scandale. La sanction prise contre Merckx porte atteinte à sa réputation, mais je suis le seul responsable qu'il faut punir. »

La confession de Cavalli lava Merckx de tous soupçons. On apprit dans la foulée que le sirop en question, le « Mucantil », n'avait aucun pouvoir stimulant ni énergétique. Il était couramment prescrit aux ... nourrissons dont Je nez est bouché ou les voies respiratoires légèrement congestionnées. Le produit était, néanmoins, prohibé pour les coureurs cyclistes, aussi absurde que cela paraissait. Hélas pour Merckx, ni l'aveu de Cavalli, ni le fait que le « Mucantil » était inoffensif comme dopant, n'y changea rien: la sanction prononcée contre lui demeurait une réalité. Tout au plus cette affaire provoqua-telle de nouvelles réunions de spécialistes qui se penchèrent sur Je dopage et la complexité de ses contrôles, comme lors de chaque cas important ou retentissant.

- Je considérais et je considère toujours mon succès dans ce Tour de Lombardie comme l'une des plus belles victoires de ma carrière. l'ai donc été très déçu par ce déclassement. Que pouvais-je encore faire quand j'ai appris la faute de Cavalli ? L'erreur est humaine...

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Cette page a été mise en ligne le 01/12/2024