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Dossier dopage |
L’Agence mondiale antidopage a décidé d’inscrire cet opiacé sur la liste des produits prohibés en compétition, à partir de 2024. Interdit chez les cyclistes dès 2019, il est encore aujourd’hui très prisé des athlètes de haut niveau.
Les athlètes professionnels ne pourront plus recourir au tramadol. Le comité exécutif de l’Agence mondiale Antidopage (AMA) a suivi vendredi «la recommandation du groupe d’experts», composé d’une douzaine de scientifiques, d’interdire cet opiacé de synthèse en compétition à compter du 1er janvier 2024 (...).
Le délai doit permettre aux sportifs et à leurs entourages de s’adapter à cette nouvelle interdiction. «Cela donnera également le temps à la communauté scientifique d’ajuster les détails exacts liés [aux futures] procédures afin que l’équité puisse être assurée pour les athlètes», ajoute l’agence. Et aux autorités sportives «le temps de développer des outils éducatifs pour les athlètes et pour le personnel médical [] dans le cadre de la lutte contre le dopage».
À l’appui de cette décision, le gendarme mondial de la lutte contre le dopage a mis en avant des études montrant la capacité de l’antalgique à améliorer la performance physique, ce qui était jusqu’à présent discuté. L’AMA rappelle aussi que le tramadol, comme tous les opioïdes, peut entraîner une forte dépendance avec des risques d’addiction.
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Interdit dans le vélo dès 2019
Jusqu’ici seulement considéré comme dangereux, il était sous surveillance de l’AMA depuis 2012 en compétition, l’instance souhaitant simplement le «suivre pour pouvoir en déterminer la prévalence potentielle d’usage dans le sport», mais n’apparaissait pas dans la liste des produits et substances interdits par l’AMA.
Son usage était en revanche proscrit par le règlement médical de l’Union cycliste internationale (UCI) depuis 2019. Il était souvent utilisé par les coureurs, comme l’attestent les données recensées dans le programme de surveillance de l’AMA. Son interdiction visait «à préserver la santé et la sécurité du coureur à la lumière des effets secondaires du tramadol», expliquait l’UCI à l’époque. L’instance justifiait son revirement en avançant d’autres effets secondaires que la substance peut entraîner, non mentionnés par l’AMA : les risques de somnolence et de perte d’attention, qui majorent le risque de chute en course.
D’après les chiffres communiqués par l’UCI en 2019, parmi les échantillons urinaires positifs au tramadol prélevés dans le cadre de 35 sports olympiques sur l’ensemble de l’année 2017, les deux tiers concernaient cette discipline. En août dernier, le coureur colombien Nairo Quintana a été disqualifié de la dernière édition du Tour de France, après que les analyses de «deux échantillons de sang séché fournis par le coureur les 8 et 13 juillet» 2022 ont «révélé la présence de tramadol et de ses deux principaux métabolites», expliquait l’UCI.
L’instance précisait toutefois qu’il ne s’agissait pas de «violations des règles antidopage» mais d’«infractions au règlement médical de l’UCI». Quintana a donc pu remonter sur une selle et peut prétendre participer aux prochaines courses. Jusqu’au 1er janvier 2024.
Cette page a été mise en ligne le 28/09/2022