Dossier dopage



Demain, des techniques de thérapie cellulaire

02/07/2005 - Libération

Extraits

Patrick Laure, médecin de santé publique, est actuellement chercheur associé à l'université de Paris-Orsay. Spécialiste des drogues de la performance, il est notamment l'auteur d'une Histoire du dopage et des conduites dopantes (Vuibert).

«De nouvelles substances et méthodes susceptibles d'améliorer les performances seront bientôt utilisées (...). Ou le sont peut-être déjà. Leur détournement nécessite les conseils de chercheurs qualifiés, car elles sont issues pour la plupart des biotechnologies de très haut niveau. (...) A côté de ces nouveaux moyens, l'hormone de croissance et autres corticostéroïdes font un peu figure d'ancêtres.

«Les sécrétagogues GH sont des molécules qui boostent la synthèse naturelle d'hormone de croissance. Elles ont pour nom hexaréline, GHRP-2 ou NN-703, et sont toutes en phase expérimentale. Certaines ont été abandonnées (le MK677), mais restent disponibles sur l'Internet.

«Les facteurs de croissance musculaire permettent de développer les muscles, ou d'en accélérer la récupération après une blessure, comme le PDGF ou le b-FGF. En complément, d'autres molécules sont testées pour diminuer le processus de résorption musculaire, comme les anticorps monoclonaux antimyostatine (une molécule régulatrice de la croissance des muscles). Les chercheurs y recourent, notamment, pour améliorer les connaissances dans le traitement de certaines myopathies. Appliquées à un sportif sain, ces techniques lui permettraient d'avoir des jambes tellement puissantes que ses genoux n'y résisteraient sans doute pas.

«Des techniques de thérapie cellulaire, comme la mise en culture de cellules musculaires ou tendineuses humaines, sont en phase expérimentale. Celle de cellules cartilagineuses est, à ce jour, parfaitement maîtrisée et employée depuis longtemps chez des sportifs de renom, en cas de traumatisme du genou notamment.

«La transfection de cellules consiste à les modifier génétiquement pour les forcer à fabriquer des substances qui leur sont normalement étrangères. Par exemple de l'érythropoïétine (EPO) à partir de fibroblastes (des cellules de soutien), lesquelles sont ensuite réimplantées (...). Ce procédé est en cours d'expérimentation chez l'homme.

«Chez l'animal, on sait également transfecter des cellules de tendon, pour leur faire produire des facteurs de croissance, afin d'en accélérer la cicatrisation. Les chercheurs réussissent également la transfection de cellules musculaires, pour augmenter la masse musculaire.

«Ils obtiennent ainsi des souris transgéniques très musclées, dites "Schwarzenegger".

«Et en modifiant le gène de la protéine PPAR-delta, une technique maîtrisée depuis peu, ils produisent des souris tellement endurantes, qu'ils les ont appelées "marathoniennes". Science-fiction pour les sportifs ? Voire...»


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Cette page a été mise en ligne le 13/9/2005.