Lors d'une étape des Routes de l'Oise 2024, le chauffeur d'un cycliste avait démarré alors que le directeur et commissaire de course s'était placé devant le véhicule. L'automobiliste a été reconnu coupable.
Le 20 mai 2024, à Crèvecœur-le-Grand, au départ des Routes de l'Oise, Frédéric Lenormand, directeur et commissaire de cette course UFOLEP à étapes, a été traîné sur plus de 100 mètres par un véhicule, sous les yeux stupéfaits des spectateurs et des sportifs.
Au volant d'un Mercedes Vito, le conducteur avait démarré alors que Frédéric Lenormand se trouvait devant la voiture. L'affaire avait fait grand bruit, en soulevant des soupçons de dopage mécanique dans une course amateur.
Violence volontaire
Le chauffeur était poursuivi pour violences avec arme (...) survenues lors d'une manifestation sportive et ayant entraîné une incapacité inférieure ou égale à 8 jours. Chacun représenté par un avocat, le quinquagénaire belge et la victime, Frédéric Lenormand, étaient absents de l'audience.
Retour sur les faits. Ce 20 mai 2024, juste avant le départ de l'étape, Frédéric Lenormand souhaite contrôler le vélo de Giovambattista Iera, suspecté de triche mécanique. Le sportif refuse, charge son vélo dans le Mercedes et demande au conducteur de démarrer rapidement, en s'exclamant : « Ils sont fous ! »
Selon l'accusation, le chauffeur du cycliste aurait démarré sciemment tandis que Frédéric Lenormand se trouvait juste devant. Ce dernier s'est alors agrippé au capot, mais le véhicule a continué sa course, le traînant sur 126 mètres, à une vitesse estimée à plus de 40 km/h : « Frédéric Lenormand s'est retrouvé 11 secondes sur le capot (...) il a eu un sentiment de mort imminente. » L'homme a subi une incapacité temporaire de travail (ITT) d'une journée mais reste marqué psychologiquement.
L'avocat du commissaire de course précise que son client n'a pas eu de comportement agressif. « La thèse de la sidération ne tient pas. » De son côté, la défense soutient en effet que le conducteur, ami du cycliste, était en état de « sidération » et a réalisé la présence de M. Lenormand trop tard. L'automobiliste n'avait donc aucune intention de blesser selon l'avocat.
« L'enjeu de cette course, un panier garni »
Son client serait très affecté par cette affaire. Quant au cycliste, il n'avait aucun intérêt à frauder : « L'enjeu de cette course était un panier garni, le coureur n'a pas besoin de cette course pour exister. Il ne veut pas traficoter le vélo mais il a de bonnes performances et les gens vont imaginer qu'il y a un moteur dans ce vélo. Les 4 ou 5 organisateurs viennent le voir sans se présenter, sans s'expliquer. »
La défense critique le comportement de M. Lenormand, jugé « irresponsable » et « disproportionné », soulignant qu'il n'est pas officier de police judiciaire. Le conseil demande de requalifier les faits en écartant l'élément intentionnel et la relaxe de son client.
Pour le procureur, en revanche, les faits de violences volontaires sont établis. Il s'appuie sur des témoignages concordants et sur la vidéo montrant le commissaire accroché au capot du véhicule. Il écarte l'argument de la sidération et souligne que la voiture roulait à vive allure. Il rejette également la peur prétendue du conducteur d'être agressé par la foule. Il juge cette version incompatible avec les éléments de l'enquête.
Le parquet requiert une peine de cinq mois de prison avec sursis et interdiction de port d'arme pendant trois ans. Reconnu coupable, le chauffeur belge écope de quatre mois de prison assortis de sursis et interdiction de détenir une arme pendant deux ans. Il devra indemniser la victime à hauteur de 150 € au titre du préjudice physique, 300 € au titre du préjudice moral et 1 200 € pour le remboursement des frais de justice. Son véhicule lui est confisqué.