Actualité du dopage

Confinement : L'antidopage prend des gants... et des masques


06/04/2020 - sport.francetvinfo.fr - Thierry Vildary

L'épidémie de Covid-19 pose des problèmes d’équité aux sportifs concernant l’accès à l’entraînement selon les pays mais pas seulement. Les difficultés d’organiser une lutte antidopage et des contrôles efficaces changent aussi la donne selon les pays. Ainsi, l’annulation des compétitions en cascade règle en partie le problème.

"De fait, le nombre de contrôles est fortement réduit". L’AFLD (Agence Française de Lutte contre le Dopage) aura sans doute du mal à franchir le cap de ses 8000 contrôles annuels car si elle n’est pas à l’arrêt, elle roule au pas. "Nous suivons la ligne directrice de l’Agence Mondiale Antidopage (AMA) qui dit que nous pouvons continuer notre mission sauf consignes contraignantes", reconnait Mathieu Téoran, secrétaire général de l’agence. Et en France "les consignes contraignantes" portent un nom : confinement strict. Ainsi les préleveurs de l’AFLD doivent "prendre toutes les précautions concernant les lieux, les gestes barrières, la distanciation et limiter les déplacements".

Les contrôles urinaires suffisent à détecter 90% des produits interdits

En clair, plus de contrôles en compétitions car elles sont actuellement suspendues en France et une grande partie des autres est repoussée à plus tard. Reste ceux qu’il est possible et/ou urgent de réaliser. Des tests urinaires uniquement. Hors de question de manipuler des prélèvements sanguins en ce moment mais, l'urine de nos champions suffit à détecter plus de 90% des produits interdits, dont l’EPO.

Pour effectuer un contrôle antidopage actuellement, il faut plusieurs conditions. La première est d’avoir l'un des 200 contrôleurs de l’agence de disponible car une partie (médecins, infirmiers, infirmières ou kinés) sont mobilisés sur le front du Covid-19. Ensuite il faut que ce contrôle soit considéré comme important, c’est-à-dire principalement, un athlète de haut-niveau du groupe cible suivi à l’année ou un sportif qui "présente un intérêt à être suivi", pour employer une formule consacrée. Et même dans ce cas, rien n’indique que le contrôle puisse s’effectuer, le domicile du sportif où le prélèvement a lieu, doit offrir les garanties d’espace nécessaire entre les occupants et le préleveur. Enfin il y a le matériel de protection : "Nous avions un stock de masques qui nous restait de l’épidémie de grippe H1N1, mais nous en avons fait don aux hôpitaux, ce qui est la moindre des choses. Reste au domicile des préleveurs, quelques unités de masques mais qui doivent suffire à remplir les quelques missions qui se présenteraient", précise Mathieu Téoran. On a ainsi une idée plus précise du rayon d’action de l’AFLD en période de confinement. Très réduit.

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"Le report des JO nous a soulagés"

Il est évident que, si tout ce calendrier, qui chaque jour perd un peu plus de son sens, était débroussaillé, la tâche des combattants de l’antidopage en serait facilitée et surtout plus cohérente. À quoi bon se doper quand on n'a plus rien à courir et donc à gagner et par conséquent à quoi bon dépenser de l’argent pour chasser des potentiels tricheurs qui n’espèrent plus de gains ? Ce que Mathieu Téoran résume ainsi : "Le report des JO nous a soulagés et enlevé une partie des injonctions contradictoires auxquelles nous étions soumis". Et replacé sur le podium de l’humanité, les priorités dans le bon ordre.


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Cette page a été mise en ligne le 07/04/2020