Actualité du dopage

"Les pros ont tourné le dos" à Mickaël Larpe


16/04/2012 - sudouest.fr - Georges Lannessans

Deux mois et demi après un retour remarqué parmi le peloton, le coureur charentais de l'A.PO.GE revient sur deux années galère consécutives à une suspension pour dopage.

Retour sur selle gagnant pour Mickaël Larpe (26 ans). Le coureur charentais repart pourtant de très loin. De Division nationale 2 (DN2) plus exactement. Contrôlé positif à l'EPO en mars 2010, l'ancien pro de l'équipe Agritubel puis Roubaix-Lille-Métropole rongeait son frein depuis bientôt deux ans. Désormais, le repenti est sur la voie de la rédemption. Ses premiers succès sur le Tour du Pays d'Aigre, sur la Durtorccha (Auvergne), sur le critérium des Deux-Vallées ou samedi , sur le tour du Pays Dunois attestent d'une motivation intacte, même chez les amateurs.

Oublié le monde pro. Le Saint-Mickaëlien refait ses gammes, avant peut-être, de recouvrir un statut perdu depuis sa condamnation. Pour l'heure, la question n'est pas d'actualité. Le cycliste se focalise désormais sur sa nouvelle aventure avec l'A. PO. GE. (Pons-Gemozac), l'une des rares formations « ayant bien voulu de [lui] ».

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Comment en êtes-vous venu à rejoindre l'A. PO. GE. ?

Ce n'est pas compliqué, c'est quasiment le seul club qui me voulait. C'était difficile, je n'avais pas beaucoup de choix. Ce qui tombe bien, c'est que le courant passe entre eux et moi. D'un côté, je joue vraiment le jeu en me prêtant à tous les examens pour prouver ma bonne foi. De leur côté, ils sont corrects avec moi. Tout va bien.

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Comment avez-vous vécu cette année et demi sans compétition ?

Cela a d'abord été très difficile d'encaisser le coup. Il faut accepter de ne plus participer à aucune compétition, il faut aussi accepter que plus personne ne vous appelle du jour au lendemain... Après, on prend sur soi. Ma famille et ma compagne étaient présents, ensuite je suis parti à Bordeaux... Je me suis un peu coupé de la région. Cela m'a permis de rencontrer des gens qui avaient une meilleure mentalité. Ils ne prenaient pas de plaisir à me voir tomber. Ce qui n'était pas le cas en Charente. Ensuite, je suis parti à Los Angeles pendant un mois et demi. J'ai complètement coupé avec le cyclisme. Là-bas au moins, personne ne me connaissait, j'étais très bien. Mais globalement j'ai continué à m'entraîner. Quelques heures après être ressorti de garde à vue, j'étais déjà sur un vélo.

Sur quel rythme et avec qui rouliez-vous ?

Je roulais souvent tout seul, ou avec un ami originaire de Bordeaux. Dans ces moments, mieux vaut d'ailleurs être seul que mal accompagné. Je faisais beaucoup de bornes, mais c'était quand même moins intense que lors d'entraînements classiques. D'où le manque de force qui me pénalise actuellement, même si j'ai fait pas mal d'efforts avant de reprendre la compétition.

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Dans quel état d'esprit étiez-vous juste avant votre retour à la compétition ?

À ce moment-là, j'étais avec ma compagne sur Bordeaux. Je n'y pensais pas trop. Je m'entraînais sans me prendre trop la tête et sans être trop impatient. J'ai pris ça comme ça venait.

Aviez-vous tout de même le sentiment de repartir de zéro ?

Bien sûr, surtout en ce qui concerne les sensations. On n'efface pas un an et demi d'absence comme cela. Je sens bien qu'il me manque encore de la force. Mais cela reviendra avec l'enchaînement des compétitions.

Appréhendiez-vous votre retour dans le peloton ?

On a toujours un peu d'appréhension. On se demande comment cela va se passer. On s'interroge aussi sur le regard des autres coureurs et sur ce qu'ils pensent de ce retour. En ce qui me concerne, tout s'est très bien passé. Je n'ai jamais eu droit à aucune réflexion. Je suis quelqu'un qui respecte les gens. Même en pro, je n'ai jamais eu un mot plus haut que l'autre. Les coureurs que je côtoie aujourd'hui en font de même. Je pense que c'est l'une des raisons qui a fait que tout s'est mieux passé que ce que je ne l'espérais.

Avez-vous l'impression que le monde pro vous a tourné le dos suite à votre contrôle positif ?

Oui, très clairement. Au-delà des pros, c'est tout le monde du vélo qui m'a tourné le dos. J'ai encore quelques amis dans le milieu, mais ils se font rares. Mais je ne suis pas dupe, je m'y attendais. Du jour au lendemain, beaucoup n'ont plus donné signe de vie. C'est le jeu. Ce genre de situation est au moins révélateur de l'hypocrisie qu'il peut y avoir dans le vélo. Le tri se fait naturellement.

N'est-ce pas trop dur à encaisser de voir tout ce monde faire volte-face ?

Un petit peu, mais je ne m'étais pas fait de grandes illusions quant aux amitiés que j'avais pu lier. Le monde pro est très superficiel, c'est comme ça. Cela a au moins le mérite de m'avoir fait grandir. J'ai pris conscience de plein de chose. Il faut apprendre de ses erreurs, j'ai essayé d'en tirer profit au maximum. Maintenant, je suis passé à autre chose.

Quel regard portez-vous sur le traitement médiatique de votre suspension ?

On en a fait une affaire d'État. J'étais un peu l'ennemi public N°1. Cela m'a impressionné quand je suis sorti et que j'ai lu les journaux.

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Désormais, vous sentez-vous particulièrement visés par les contrôles anti-dopage ?

Cela ne me pose aucun problème, ça fait parti du jeu. J'ai des contrôles anti-dopage en compétition, je suis suivi par l'Adams (...), je suis également suivi par un médecin du sport. Aujourd'hui, on ne peut pas dire que je peux passer au travers. Désormais, je joue le jeu à fond pour prouver que je suis de bonne foi. Je reconnais avoir fait une erreur mais maintenant, on ne peut pas me reprocher de ne pas être « clean ».


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Cette page a été mise en ligne le 17/04/2012