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Actualité du dopage |
"Emmanuel Granat est venu en vacances chez moi à Anthéor. Nous avons discuté. Il m'a dit comment il procédait lui, et comment cela fonctionnait au sein du CC Etupes avec l'EPO. J'ai alors décidé de lui passer une commande", résume Rémy Mellano. Cet ancien sociétaire du club doubien, aujourd'hui âgé de 23 ans, rêvait de devenir champion. De lourds problèmes de santé l'en ont empêché. Il a alors décidé de vivre son rêve par procuration. Au travers de son ami Olivier Marceau, champion du monde de triathlon en 2000. Il a voulu l'aider quand celui-ci a connu une période de doutes. "Olivier n'était pas bien. On a parlé des moyens pour améliorer ses performances. Il était d'accord pour essayer mais uniquement à l'entraînement", poursuit-il. D'où le recours à Granat. Par précaution toutefois, et sur instruction de Marceau, c'est au nom d'Astrid Coupet, son épouse qu'est adressé le colis contenant cinq ampoules d'EPO. Un thermos intercepté par les douaniers de Nice le 10 septembre 2003.
Emmanuel Granat, alors membre de l'équipe première du CC Etupes, rejette en bloc cette version. "Je ne me suis jamais dopé. Je ne sais pas comment on fait". Mellano va plus loin. "Granat m'a envoyé, par SMS, le protocole à suivre avec l'EPO". Aujourd'hui directeur d'une entreprise, Granat prétend avoir seulement posté ce colis sans savoir ce qu'il contenait. (...)
"Ce n'est pas crédible", rétorque Me Bonnot, l'avocate de Mellano. "Pourquoi mon client aurait-il voulu faire poster ce colis avec les risques de se faire prendre alors qu'il habitait à un quart d'heure de chez Marceau ?". Il y a encore ces huit coups de fil passés entre Granat et Mellano le 8 septembre. "Il m'a rappelé pour me dire qu'il en avait. Et que ça venait d'Oleg Joukov", poursuit Mellano. Joukov, interpellé avec une centaine d'ampoules d'Actovegin (ndlr : aux effets similaires à l'EPO) à Modane, quelques semaines plus tard, n'a pourtant jamais été entendu ni inquiété.
S'il y a un point où tous les avocats se rejoignent c'est bien sûr la légèreté avec laquelle l'instruction a été menée. De nombreuses zones d'ombres subsistent. Me Hantz, l'avocate d'Astrid Coupet, reprendrait presque la célèbre expression "à l'insu de son plein gré". Pour elle, l'épouse du champion ne savait pas la nature du produit qu'elle réceptionnait. "Le colis était pour Rémy, pas pour mon mari", assure-t'elle. A croire que dans ce milieu tout le monde mentait à tout le monde. Y compris à sa femme. Me Mauriac examine les relevés téléphoniques et constate qu'un nom revient régulièrement ce 8 septembre. "Qui est Cyril Gossmann ? Est-ce lui qui a fourni l'EPO ?". Granat rétorque "Gossmann est un ancien d'Etupes. Un coureur propre".
Le procureur met les trois prévenus dans le même panier mais place Granat comme le personnage le plus central. Me Mésonès, son avocat, plaide la relaxe. Sans succès. Emmanuel Granat est condamné à 5 mois de prison avec sursis et 750€ d'amende. Rémy Mellano écope de 3 mois avec sursis et 150€ d'amende. Astrid Coupet-Marceau est relaxée, le tribunal n'ayant pas la conviction qu'elle était au courant de la nature des produits expédiés.
Me Paul Mauriac, l'avocat de la Fédération française de Cyclisme, regrette qu'il n'y ait que trois prévenus. "Ils auraient dû être plus nombreux". Pour lui "Marceau est le grand absent. (...)
Me Mésonès, de son côté, s'étonne que parmi les milliers de colis qui transitent chaque jour par Nice, celui-ci précisément ait été contrôlé. Pour lui, il n'est pas exclu qu'Olivier Marceau soit dans le viseur des enquêteurs. A l'arrivée pourtant, pour le champion de triathlon, il ne s'agit que d'un avertissement sans frais.
Cette page a été mise en ligne le 01/08/2005