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Actualité du dopage |
Un peu plus d'un an après le scandale Festina, une nouvelle
affaire de dopage pourrait ébranler le milieu cycliste. Le
parquet de Paris a ouvert discrètement, en août, une
information judiciaire pour «infraction à la législation sur
la prévention, la répression, l'usage de produits dopants et de
substances vénéneuses». Ouverte contre X, l'instruction, confiée
à la juge Chantal Perdrix, vise en fait Patrick Nédelec, un
personnage bien connu du monde du vélo.
De 1982 à 1994, ce médecin du sport a supervisé les contrôles
antidopage sur le Tour de France. En 1995, il devient médecin de
l'équipe Castorama, avant d'être embauché, au début de 1996,
par GAN, la formation dirigée par Roger Legeay. En mai 1996, ce
dernier licencie le Dr Nédelec, qu'il accuse d'avoir dopé deux
de ses coureurs, Philippe Gaumont et Laurent Desbiens, contrôlés
positifs. L'enquête disciplinaire, ouverte dans la foulée par
la Fédération française de cyclisme (FFC), a valu au médecin
une suspension de trois ans.
Ecoeuré par l'hypocrisie des instances dirigeantes, qu'il juge
depuis toujours complices du dopage, le Dr Nédelec s'est,
depuis, entièrement consacré à son cabinet parisien, situé
sur les Champs-Elysées. Parmi sa clientèle, de nombreux
sportifs de haut niveau, dont une majorité de cyclistes. En
janvier dernier, Daniel Baal, président de la FFC, écrit au
procureur de la République de Paris pour lui faire part de ses
doutes concernant les pratiques du Dr Nédelec. Une enquête préliminaire
est ouverte. En mars, Daniel Baal remet à la brigade des stupéfiants
une lettre anonyme qui révèle qu'un médecin prescrirait des
produits interdits «à une clientèle importante de cyclistes
sur Paris». Aucun nom n'est cité, mais Daniel Baal précise aux
policiers que «seul le Dr Patrick Nédelec répond aux différents
critères dénoncés dans la lettre anonyme».
Le corbeau livre deux pistes précises. L'une mène à l'un des
principaux clubs cyclistes de la région parisienne, qui
recourrait aux services du médecin malgré l'interdiction fédérale;
l'autre, à un cycliste amateur basé dans la région d'Orléans.
Une information judiciaire vient donc d'être ouverte, preuve que
l'affaire est prise au sérieux, même si elle sent le règlement
de comptes. En effet, en septembre 1998, le Dr Nédelec, entendu
comme témoin par la PJ de Lille dans le cadre de l'affaire
Festina, avait mis gravement en cause Daniel Baal et Roger
Legeay, qu'il accuse d'avoir freiné la lutte antidopage.
Patrick Nédelec, lui, déclare que «cette dénonciation est
bien la preuve que, dans ce milieu, dès qu'on dit la vérité,
on est détruit; mais que M. Baal se méfie du retour de bâton»...
A propos de l'enquête en elle-même, le médecin se dit serein:
«C'est vrai que des sportifs continuent de venir me voir, mais
je ne fais aucun trafic et ne délivre aucun produit interdit.»
Le cyclisme, lui, se serait bien passé de cette nouvelle affaire.